1. Je pense souvent à mon ex, Anne


    Datte: 13/06/2021, Catégories: fh, hotel, amour, Masturbation fdanus, fsodo, théatre, exercice, amiamour, regrets, Auteur: Shiva__ & Café-clope, Source: Revebebe

    ... qui ne correspond pas à ton idéal.
    
    Paul : Qu’en sais-tu, de mon idéal ?
    
    Claire : Oh, il est facile à deviner. Pavillon, voiture familiale. Un enfant. Deux, peut-être ? Allez, une fille et un garçon ! La terrasse, le jardin. Tu es trop sophistiqué pour m’infliger le barbecue. Mais pas forcément assez pour m’épargner le labrador qui court à en perdre haleine. Et une musique romantique au synthétiseur comme bande originale. Genre « Chi Mai » d’Ennio Morricone… En voilà une idée de mélodie ! Plutôt « mélo » d’ailleurs…
    
    Paul : Comment… ?
    
    Claire : Comment je le sais ? Ouvre les yeux : vous êtes si nombreux à caresser le même rêve… Un rêve à six pour cent d’intérêts sur vingt ans. Un rêve préfabriqué.
    
    Paul : Est-il mauvais pour autant ?
    
    Claire : S’il est choisi, non. Mais dans ton cas, peut-on dire que tu l’as choisi ? Toi, tout ce que tu veux, c’est être « tranquille ».
    
    Paul : Tu deviens vexante…
    
    Claire : Pose-toi la question : depuis quand as-tu ce rêve ?
    
    Paul : Je ne sais plus. L’adolescence, mes dix-sept, dix-huit ans, quelque chose comme ça.
    
    Claire : Et, à cet âge-là, alors que tu étais peut-être encore vierge, tu as adhéré à ça, sans réfléchir. Les spots publicitaires après le journal de vingt heures se sont substitués à tes goûts, ta personnalité. Tu traînes ce rêve comme un boulet. Il t’empêche de vivre au présent, de voir ce qu’il y a juste sous ton nez. Tu fuis en avant.
    
    Paul : Ça va, je crois que j’ai compris que ce n’était pas ton rêve. ...
    ... Pour autant, crois-tu vraiment pouvoir dire que je n’y serai pas heureux ?
    
    Claire : Tu t’y croiras heureux, après t’être accablé de dépenses pharaoniques, en table basse, cuisine aménagée en pin massif et télé haute définition que tu ne regarderas que d’un œil distrait. Tu te réfugieras derrière ces dépenses comme un conquistador ayant brûlé derrière lui sa caravelle, pour ne pas rebrousser chemin. Tu t’acharneras à croire à cette vie grâce à ton couple, et à ton couple grâce à cette vie, comme un Di Caprio dans « Les Noces Rebelles ». Mais, pour combien de temps ?
    
    (Silence mortuaire.)
    
    Paul : Ce soir, c’était donc un adieu ?
    
    Claire : Pas forcément. À toi d’en faire ce que tu veux.
    
    Paul : Tu me demandes de choisir, alors. Choisir entre ce que tu me proposes, mais pas plus, et poursuivre mon rêve, quitte à ce que ça ne soit pas à tes côtés ?
    
    Claire : C’est ça.
    
    (Nouveau silence, encore plus pesant et long. Chacun évite soigneusement de croiser le regard de l’autre. Finalement, Paul se lève.)
    
    Paul : Je crois que je vais y aller tout de suite. J’ai besoin… enfin, je crois que tu vois.
    
    (Il se rhabille.)
    
    Claire : Je comprends. Je n’ai pas voulu te faire du mal.
    
    Paul : Je crois que je le sais. Mais, vois-tu, j’ai besoin de temps, pour avaler tout ça.(sa voix tremble.) Je ne pensais pas que cette soirée se passerait ainsi. Je ne pensais pas que je découvrirais tout ça, ces sentiments, ce malentendu…
    
    Claire : Moi non plus. Je voulais juste passer un ...