1. Négociation au sommet


    Datte: 07/05/2021, Catégories: cadeau, religion, chantage, nonéro, historique, Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    Le ministre des Affaires Étrangères Edward Burns arriva au sommet du G8 un peu en retard ce matin-là. Il avait mal dormi. La mission qui lui avait été confiée par le président était délicate, et celui auprès de qui il devrait la remplir était connu pour être retors au possible. Le programme de la matinée n’était pas très chargé, les discussions concernant la négociation du nouveau plan écologique censé sauver la planète ne devant commencer que l’après-midi.
    
    Bon gré mal gré, il dut se soumettre au rituel de la traditionnelle photo de groupe qui prit deux heures, tant la symbolique des places occupées par chacun était importante. Ainsi, le ministre français et le ministre allemand voulaient être l’un à côté de l’autre, et le ministre anglais exigeait de se trouver à côté de son allié américain. Mais le représentant de la plus grande puissance économique du monde devait se trouver au centre de la photo, ce qu’exigeaient également le ministre chinois et le ministre russe. Or, l’Allemand ne souhaitait pas apparaître en retrait par rapport aux anglais qui avaient défendu le brexit.
    
    La négociation fut longue et compliquée, et Burns n’était pas d’humeur à supporter ce genre de chamaillerie trop longtemps. Il y eu donc quelques éclats de voix, des menaces, et lorsque les huit purent enfin poser, tout sourire, pour la photo officielle, la patience du ministre américain était sensiblement altérée.
    
    Lorsque le groupe se dispersa, une heure avant le repas, Burns tira ...
    ... discrètement son homologue français par la manche.
    
    — Robert, je dois vous parler en privé d’une affaire terriblement importante.
    — Quand cela ?
    — Maintenant.
    — C’est que je dois m’entretenir avec mon chef de cabinet…
    — S’il vous plaît, Robert ; c’est une affaire capitale.
    
    Robert Duval vit immédiatement le parti qu’il pourrait tirer d’une faveur accordée au ministre américain. Ils trouvèrent un endroit discret où s’isoler et s’installèrent dans un fauteuil l’un en face de l’autre, à égalité, ce qui n’arrivait pas si souvent.
    
    — Bien. Je vous écoute, Edward…
    
    Edward Burns prit une longue inspiration, puis :
    
    — Il y a dix ans, le gouvernement américain a offert à la France une relique sainte lors de la visite de votre président. La rotule de Sainte Gertrude.
    — Oui, je me souviens de ce cadeau empoisonné que vous avez fait à l’ancien président. Cela nous avait bien fait rire !
    — Empoisonné ? Pourquoi donc ? Il s’agissait d’une pièce tirée de la collection Jefferson.
    — Une relique sainte offerte à un type qui se prétendait le champion de la laïcité…
    — C’est le problème avec vous, les Français : vous refusez obstinément de faire entrer Dieu dans votre constitution. Pour nous, il s’agissait d’un véritable cadeau.
    — Allons, Edward, ne vous fichez pas de moi : vous vous êtes débarrassé d’une merde qui encombrait votre collection. Vous savez bien que ce genre de relique ne vaut rien.
    — Pas pour ceux qui y croient, Robert. Mais je suis heureux finalement que vous n’y croyiez ...
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