1. 0220 Adieu, mon Jérém (Saudade).


    Datte: 27/04/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... cadeau. Je ne veux pas qu’il se prive de ce souvenir, de cet objet si symbolique.
    
    « Tu vas la prendre, c’est tout » fait le bobrun, en avançant vers moi, en passant derrière mon dos et en passant le précieux bijou autour de mon cou.
    
    Je sais que je n’aurai pas gain de cause cette fois-ci non plus. De toute façon, je n’ai ni la force ni l’envie de me « bagarrer » avec mon Jérém.
    
    Le poids et la chaleur du métal me font du bien. J’ai déjà la chance de la porter en une autre occasion, après que Jérém l’avait perdue chez moi lors de la semaine magique. C’était avant notre séparation brutale à Toulouse. Le poids me parle de sa présence. Mais c’est la première fois qu’elle m’apporte la chaleur de sa peau mate. Et ça me donne mille frissons. Décidemment, cet objet est magique. Ensorcelé à tout jamais par des années au contact avec la mâlitude de mon Jérém.
    
    « Comme ça je serai toujours avec toi » je l’entends me chuchoter, alors que ses doigts frôlent à plusieurs reprises la peau de ma nuque en essayant de boucler le maillon de raccord.
    
    « Merci, Jérém, merci ».
    
    Je suis tellement touché par son geste que, pour un peu, j’en oublierais de lui donner le petit cadeau que j’ai prévu pour lui.
    
    « Moi aussi j’ai quelque chose pour toi » je lui annonce, en lui tendant le gros briquet en métal qu’il avait essayé en sortant de l’épicerie.
    
    « C’est quoi, ça ? ».
    
    « Un petit cadeau. Comme ça, tu penseras souvent à moi ».
    
    « T’es fou, toi, c’est cher ! ».
    
    « Ca me fait ...
    ... plaisir, j’ai vu qu’il te faisait envie ».
    
    Le bogoss saisit le petit mais lourd objet. Ce nouveau contact de ses doigts avec les miens me donne des frissons. Une nouvelle fois, sous l’effet d’un geste rapide et assuré, le capuchon saute, en produisant le cliquetis rapide et bien caractéristique, ainsi qu’une belle flamme jaune et bleue.
    
    « Je n’en ai jamais eu un de si beau ! » fait-il, tout en me serrant très fort dans mes bras et en plongeant son visage dans le creux de mon épaule.
    
    « Je sais que tu veux en finir avec les clopes. Mais en attendant… ».
    
    « Tu sais, je crois que je ne suis pas près d’arrêter ».
    
    « Pourquoi ça ? ».
    
    « Je stresse, j’ai peur de ne pas y arriver ».
    
    « Bien sûr que tu vas y arriver, tu es un champion, je crois très fort en toi » je tente de le rassurer, en portant une main sur son épaule charpentée.
    
    Jérém s’approche de moi et me fait un bisou.
    
    « Merci Nico ! C’est un très beau cadeau. Mais, tu sais, je n’ai pas besoin de ça pour penser souvent à toi » il me chuchote.
    
    Nous nous retrouvons dans la même position qu’à Gavarnie, front contre front, nez contre nez, en train de nous échanger des bisous légers, en silence, en retenant nos larmes de justesse. C’est notre façon de nous dire l’un l’autre que nous n’avons pas envie de nous quitter. C’est notre façon de sentir la présence de l’autre le plus intensément possible, comme pour nous en imprégner, pour la porter avec soi malgré la distance.
    
    Ce sont vraiment nos derniers ...
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