0220 Adieu, mon Jérém (Saudade).
Datte: 27/04/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... la peur. Il ne faut surtout pas faire le jeu de ceux qui tentent de la propager. Il ne faut pas faire le jeu de ceux qui veulent terroriser pour appeler la violence. Il faut rester soudés. Et continuer à vivre ».
La sagesse de JP est une lumière d’espoir dans le brouillard confus de la peur qui m’a envahi depuis la veille. Pourquoi ce ne sont pas des JP qui nous gouvernent ? Le monde irait tellement mieux, je pense.
« Il va falloir que j’y aille » fait Jérém, tristement.
« Je te souhaite un bon démarrage à Paris et une belle carrière pleine de succès » fait JP en serrant très fort mon Jérém dans ses bras.
« Sois heureux là-bas mais n’oublie jamais ce qui te rend vraiment heureux. N’oublie pas que tu as un gars qui t’aime et aussi des amis qui seront toujours là pour toi ».
Lorsque l’étreinte prend fin, Jérém est visiblement ému, il retient ses larmes de justesse.
« Viens là, petit con » fait Charlène, émue elle aussi « je suis tellement heureuse pour toi. Mais tu vas me manquer ! ».
« Vous aussi vous allez me manquer. Mais je reviendrai, je reviendrai bientôt » fait-il, la voix cassée par l’émotion.
« Toi aussi, Nico, tu vas nous manquer » fait JP « tu reviendras nous voir avec Jérémie, ok ? ».
« Ok, c’est promis ».
C’est dur de partir, de quitter ces amis dont la présence nous fait tant de bien. Nous devons nous faire violence pour nous retourner et repartir vers nos voitures.
« Tu viens avec moi dire au revoir à Martine ? » je l’entends me ...
... lancer.
J’ai envie de le prendre dans mes bras, de mélanger nos émotions, de nous offrir un dernier instant de douceur. Mais Jérém trace tout droit, il semble pressé d’en finir avec cette torture.
Nous approchons des voitures, le moment de nous séparer approche à grand pas. Non, il n’y aura pas d’autre final pour notre histoire. Le compte à rebours continue, impitoyable. Tout va si vite, c’est si violent. C’est insupportable. J’en ai le souffle coupé, la tête qui tourne, j’ai l’impression que mes jambes vont me faire défaut.
« Jérém », je l’appelle, alors qu’il a déjà saisi la poignée de la porte de la 205 rouge.
« Jérém, s’il te plaît » j’insiste, alors que le bobrun ne semble pas réagir à mon premier appel, alors que mes larmes coulent sur mes joues.
Jérém se retourne et me prend dans ses bras et il me serre très fort contre lui. La puissance de son étreinte, la chaleur de son corps, sa présence olfactive ont une fois de plus le pouvoir de me rassurer et de m’apaiser instantanément.
C’est doublement dur de le quitter alors que le monde que nous connaissions jusqu’à là s’effondre, alors que la peur se mélange à la tristesse. Est-ce que je serai en sécurité Bordeaux ? Est-ce qu’il sera en sécurité à Paris ? J’ai l’impression que nous ne serons en sécurité que si nous sommes ensemble, pour veiller l’un sur l’autre.
Je pleure, tout en caressant son cou, sa nuque, ses beaux cheveux bruns.
« Ne pleure pas, Ourson » je l’entends me chuchoter « sinon tu vas ...