Seul ce soir - Histoires de Sexe

Seul ce soir

... t’intéresses à cet appareil ?
— Non, pas du tout… je suis curieux. C’est quoi ça ?

Je lui tends le magazine et lui montre ses propres commentaires.

— Ah oui, je me souviens. Le Phase One m’a séduit un moment, et j’avais une série de questions que je voulais poser à mon revendeur. Le P45+ peut faire des clichés de plus ou moins quarante millions de pixels. Il y a six mois, c’était pas mal. Mais je n’aimais pas trop l’objectif qui était monté. À cette époque, je me suis tourné vers un petit Leica M9. Excellent appareil tout terrain. Je ne fais pasque des photos de nus. J’ai fait une expo, il y a trois ans, sur les enfants dans la ville. Ça a plutôt bien marché. J’ai eu beaucoup d’échos positifs sur mon travail.

Tout en parlant, elle prend un album sur une étagère derrière moi. Elle s’assied à mes côtés et le dépose sur mes genoux. Elle replie les jambes sous elle. Je commence à le feuilleter, et je ne peux m’empêcher de la complimenter.

— Magnifique. Comment arrives-tu à capter le regard de ces enfants ?
— C’est un travail de longue haleine. Pour cette photo-ci, il m’a fallu trois bonnes heures et plus de quarante prises de vue. Je n’étais jamais contente. C’était une journée nuageuse, avec beaucoup de vent. Trop de lumière, pas assez. Le gamin qui n’arrêtait pas de gigoter en tout sens. J’ai essayé de l’amadouer. Très difficile. J’ai failli abandonner quand il y a eu cette éclaircie et qu’un rayon de soleil a fait un « spot » sur une partie de son visage. J’ai eu ...

... énormément de chance.

Je continue à feuilleter l’album. C’est vrai que toutes ces images sont très belles. Il se dégage de chacune d’elle un je-ne-sais-quoi qui attire l’œil. Des détails, des couleurs, un jeu de lumière. Alors que je tourne une des dernières pages, je tombe sur un paquet de photos qui ne sont pas rangées. Des « noir et blanc » d’assez grande taille. Sur la première, je découvre une femme nue, dans une position assez suggestive, sans pour autant être pornographique. C’est Anne-Catherine, évidemment. Je la questionne du regard.

— Oui, c’est moi… ce dont je t’ai parlé tout à l’heure.
— Je peux ?
— Oui, tu peux. Après ce qui s’est passé dans la salle de bains… Sur ce point, je n’ai plus vraiment de secrets pour toi.

Elle a prémédité son coup. Mmmmh… Elle est vraiment magnifique ! Et, effectivement, elle arrive à avoir le même genre d’ambiances que celles du studio Harcourt. Je ne sais que dire. Elle est toujours dans des poses très « soft ». Rien de vulgaire, rien d’écœurant. On ne voit jamais son sexe, rarement la poitrine. Il manque un peu de lumière si bien que je dois approcher quelques tirages de mes yeux. À la troisième fois, elle rit.

— Tu as le modèle devant toi. Si tu as besoin de voir de plus près certains détails… ne te gêne pas !
— Un peu de patience. Et puis, après deux orgasmes, il faut que tu reprennes des forces.
— Trois, en fait.
— Trois quoi ?
— Trois orgasmes. Au restaurant, lorsque tu m’as léché les doigts… C’était fugace et ...