1. La forêt


    Datte: 15/04/2021, Auteur: Gaed, Source: Revebebe

    ... continue-t-il sans vraiment s’intéresser à moi, cette maison, par Lazarre, elle transpire le mal et si la troupe était là, elle la brûlerait entièrement.
    
    Sourire édenté, il regarde par la fenêtre, en proie – je le devine – à de nombreux souvenirs.
    
    Il a raison, cet endroit inspire la crainte. Pourquoi est-elle désertée au beau milieu de la nuit ? Pourquoi un paysan peindrait-il une toile noire ? Et puis les chaînes dans la grange, le rêve de la vieille femme : ce sont là des signes.
    
    — Il faut partir.
    
    Fazel acquiesce et se saisit de son sac.
    
    — Je vais réveiller l’autre.
    — Tu ne devrais pas.
    — Il parle notre langue, dit-il en arrangeant son fourreau à sa ceinture.
    — Comme tous nos ennemis.
    — La guerre est terminée pour nous, il n’y a plus d’ennemis.
    — Fais ce que tu veux. Après tout, nous n’avons pas besoin l’un de l’autre et encore moins de lui, c’est juste un conseil, fais-en ce que tu veux. Un chien d’Elvin reste un chien d’Elvin.
    — Je le crois diffèrent.
    — Pourquoi ?
    — Je ne sais pas, j’ai juste l’impression qu’il me faut rester à ses côtés, dit Fazel.
    
    Fazel a fait ce qu’il a voulu, il a réveillé l’ennemi. J’ai trouvé pour ma part un allié plus sûr : du linge propre, bien trop propre pour ce genre d’habitation mais ce n’est pas là la moindre des contradictions de l’endroit. J’ai changé mes bandages, nettoyé la plaie, apposé deux brins d’herbes de Talm dessus puis j’ai cerné mon torse du tissu propre.
    
    En revanche, point de vivres ni rien qui ressemble à un garde-manger.
    
    Alors que nous quittons la demeure, mes yeux se posent sur le tableau noir et une étrange impression de familiarité s’empare de moi.
    
    La maison s’éloigne et je m’enfonce dans la nuit, cap à l’ouest.
    
    Les deux autres me suivent, l’un et l’autre à portée de vue et d’oreille.
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