Cindy
Datte: 30/03/2021,
Catégories:
bizarre,
jalousie,
nonéro,
Auteur: Guillaume de Baskerville, Source: Revebebe
— Bonjour Madame Vidal.
— Bonjour Monsieur Luc.
— Que vous faut-il aujourd’hui ?
— Je veux envoyer une lettre recommandée et acheter des timbres, un carnet de prioritaires ; vous en auriez des jolis ?
— Je vous les montre, choisissez.
— Ceux avec les papillons.
Luc pesa la lettre, donna les timbres et fit payer Germaine Vidal.
— Ça fera douze euros cinquante. C’est tout ?
— Oui, merci mon petit.
Aussitôt la vieille dame sortie, Luc fit ses comptes, clôtura sa caisse et ferma la poste.
Seize heures trente. Il lui restait vingt minutes pour rejoindre le centre-ville ; c’était plus qu’il ne lui en fallait, mais il traînait les pieds, il se demandait s’il ne venait pas de commettre une erreur en prenant ce rendez-vous. Plusieurs fois il fut tenté de faire demi-tour.
Il hésita quelque peu devant le portail. La bruine qui commençait à le détremper l’incita à sonner et pousser la porte.
Dr Philippe Maurin
Psychologue
Diplômé de l’Université de Nancy
Une belle salle d’attente l’attendait. De profonds fauteuils en cuir agrémentaient le lieu ; une plante verte et des revues de voyage posées sur une table basse complétaient la décoration.
— Monsieur Luc ?
— Oui, dit le jeune futur patient en se levant.
Le praticien, les cheveux longs légèrement grisonnants aux tempes, d’allure sportive, à peine quarante ans, ressemblait à l’archétype du séducteur auquel Luc aurait voulu ressembler.
Il le fit entrer dans son cabinet, grande pièce sobrement ...
... décorée de tableaux contemporains, d’une bibliothèque, d’un bureau en chêne massif, d’un canapé de cuir sombre et de deux chaises recouvertes de velours.
— Asseyez-vous, lui dit le disciple de Freud en lui présentant le siège devant le bureau.
Tout le temps que le Dr Maurin passa à lui demander les renseignements classiques (âge, adresse et autres), Luc s’agita, inquiet. Il regardait autour de lui, craintif, regrettant de se trouver là.
— Voilà, asseyez-vous sur ce canapé, je suis à vous. Nos séances dureront cinquante minutes.
Assis sur une chaise derrière le canapé, le psychologue étudiait son patient qui s’agitait. Il tenait entre ses mains un carnet et un crayon, prêt à prendre des notes.
Une fois installé, Luc hésita dix minutes avant de prononcer une phrase. Il se tordait les doigts, se rongeait les ongles, tenait à peine en place.
— Comme vous pouvez le constater, je n’ai rien d’un Apollon ; je n’ai pas un physique de séducteur.
Le psy ne répondit pas, osant un petit sourire. Malingre, des lunettes de myope sur le nez, un début de calvitie sur les tempes, son nouveau patient semblait quelconque.
— Ajoutez à cela une timidité maladive. Si vous saviez le temps que j’ai mis à me décider… Venir ici m’a noué les tripes durant des semaines ; prendre un rendez-vous me terrorisait. Même devant votre porte, j’ai encore hésité longuement.
Luc se remit à se triturer les doigts.
— Désolé, je me sens mal.
— Prenez tout votre temps. Nous venons de passer ...