1. Cascades


    Datte: 30/03/2021, Catégories: voisins, bizarre, nonéro, Humour sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... Et si vous en veniez aux faits ? Qui que vous soyez, sachez que ma patience à des limites !
    — Oh, je ne le sais que trop bien, mon cher. Il se trouve que je te connais par cœur, vu que je viens moi aussi de passer cinquante-six ans à être Félix Berthier ! Ne prends donc pas cet air ahuri, et lis plutôt ce qui m’est arrivé…
    
    17 novembre 2007, deux heures trente du matin :
    
    Cette maudite machine continuait à me narguer… C’est un truc à faire enrager un moine tibétain ! J’ai passé des années à tenter de comprendre pourquoi « ils » ne changent jamais d’apparence. C’est comme si le videur ne fonctionnait pas. Je dois bien avouer que, parfois, il m’arrivait de perdre espoir.
    
    Quand j’étais trop excédé pour réfléchir, trop fourbu pour réécrire les mêmes équations pour la millième fois, je pensais à « Elle ». À sa beauté incroyable, presque surnaturelle. Et cette pensée, loin de m’apaiser, me plongeait assez souvent dans la déprime la plus noire. Je suis vieux et difforme, tellement éloigné de cette jeune fille et de son monde superficiel. Même si je parvenais à mes fins, comment arriverais-je à me faire aimer d’elle, au-delà de la séduction physique ? Nos valeurs étaient tellement différentes…
    
    Pourtant, je ne pouvais pas me résoudre à baisser les bras. Ce n’est pas tant l’obstination scientifique qui me tenaillait. C’est que je ne pouvais tout simplement pas me l’enlever de la tête ! Parfois, le découragement me prenait aux tripes, et je me disais que je m’étais ...
    ... trompé de voie. Ce n’est pas un appareillage pour changer d’apparence que j’aurais dû essayer de mettre au point. Non ! Bon dieu, non ! J’aurais mieux fait de m’orienter vers la biologie moléculaire. Histoire de trouver l’antidote à cette dépendance débilitante, la potion pour débarrasser mon cerveau de ces désirs lancinants.
    
    Ceux qui parlent d’amour et de romantisme, la bouche en cul de poule et des trémolos plein la voix, ne savent pas ce qu’ils racontent. J’aurais aimé vous y voir, vous, les poètes, les ramollis du bulbe, endurer en solitaire, comme moi, les affres d’une passion dévorante. Vous torturer l’esprit à l’infini, sentir la morsure abominable de l’envie et de la jalousie vous tenailler le cœur, sans même une once d’espérance. Et tout ça pour quoi ? Pour une créature qui ignorait jusqu’à mon existence. Et qui n’aurait pas hésité pas à me faire l’affront de sa pitié, la larme à l’œil, s’il m’était venu l’idée détestable de me déclarer !
    
    Ce soir-là, je me sentais vidé. Et je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’à cette maudite fille ! Chaque fois que je fermais les yeux, je la voyais devant moi, avec son sourire aguicheur et ses manières si polies.
    
    — Tu peux bien adopter des attitudes réservées, des mines rougissantes, faire la farouche. Mais crois-moi, tout ça en dit long sur les besoins du petit animal à fourrure que tu caches entre tes cuisses ! Aaaah… mettre la main sur toi, sentir l’odeur de ton corps, caresser ta peau, embrasser tes seins !
    
    Mais ...
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