1. Dans le noir (6)


    Datte: 28/03/2021, Catégories: Hétéro Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... la…
    
    Tu t’es arrêté avant de me dire ce que cette vamp avait de si délicat à déguster. Pas besoin de dessin. J’ai compris que pour stopper net toutes les conversations, ce doit être une bombe. Alors, par bravade, j’enchaine non moins nonchalamment…
    
    — Eh bien ! Dis-moi si elle va aux toilettes. Que je m’y rende aussi. Après tout on peut aussi partager.
    
    Là, c’est toi que je scotche par mon aplomb et mon à-propos. Tu replonges le nez dans ta « Margarita » et moi je finis ma « Texane ». Le tout arrosé d’un vin rosé assorti à nos plats. Avec un soupçon de recul, je me rends compte que cette mèche qui pourrait tout rallumer, je viens maladroitement de la placer sous l’allumette. Et dans tes yeux, il y a comme une fièvre que je reconnais. Tu déglutis lentement, mais tu épies discrètement tous les faits et gestes de la cliente esseulée. Et je prie pour que tu n’aies pas relevé la phrase que je viens de lancer.
    
    Mais il est trop tard pour la rattraper et si je comprends trop bien mon erreur, je me dis que je vais encore devoir l’assumer.
    
    — Je vois qu’à toi aussi, ça te manque. Tant mieux, au moins la routine ne nous atteindra pas.
    
    Donc visiblement tu as bien entendu et tu t’apprêtes à me le rappeler. J’esquisse un rictus que je voudrais décrire comme un sourire. Mais il est tellement crispé qu’il s’apparente plus à une grimace, je crois. Et tu verses le reste de la bouteille dans mon verre.
    
    — Tiens ! C’est du courage liquide ça ma belle. Quand on a une grande ...
    ... bouche, on se doit de respecter sa parole.
    
    Tu jubiles, j’en mettrais ma main au feu. Au fond de toi, tu es aux anges. Notre déjeuner est pratiquement terminé. Le dessert… sous la forme de profiteroles est en bonne voie d’engloutissement. Je ne veux plus penser à rien et surtout me taire… sacré bon sang ! Pourquoi ai-je encore ouvert les mâchoires pour dire une bêtise ?
    
    — Allons, ma belle, c’est donc à toi de jouer.
    
    — De jouer ?
    
    — Oui, la demoiselle ou la dame vient de se lever et se dirige vers les « pipi-rooms »… c’est bien là-bas que tu veux aller la draguer ! Montre-moi de quoi tu es capable.
    
    —…
    
    Mon sang ne fait qu’un tour et dans ma poitrine le moulin se met à cogner. Mais je l’ai dit, je le fais. Me voici qui emboite le pas à la silhouette qui pousse la porte des toilettes. Je ne suis certaine que d’une chose, elle est blonde comme les blés. Je me rends donc à l’espace de soulagement sous les quinquets de tous ces mangeurs de pizzas. Il ne me semble pas que je fasse tout à fait la même sensation que la drôlesse qui vient de me précéder. Cette fois je suis dans le feu de l’action. À la main, ma pochette pour donner le change, je pénètre à mon tour dans la pièce où la femme a disparu.
    
    C’est d’une propreté irréprochable. La dame en question n’est pas visible, volatilisée ou confortablement installée dans une cabine fermée. Alors je m’installe devant un lavabo et le reflet dans le miroir montre les box dans mon dos. L’un d’eux s’ouvre pour laisser sortir une ...
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