Trois minutes cinquante-trois
Datte: 26/03/2021,
Catégories:
fh,
jeunes,
vacances,
plage,
forêt,
amour,
revede,
nostalgie,
occasion,
Auteur: Algo, Source: Revebebe
... ancienne cave à vin. C’est là qu’il avait l’habitude, pour quelques sous, de charmer le client avec sa guitare et ses chants.
Je l’écoutais en sirotant un mojito royal. Puis un deuxième. Il a attendu que je vide le troisième pour me faire complètement craquer. Il m’a regardée éperdument, s’est mis à chanter la chanson, à jouer notre chanson, avec ses accords divins que je connaissais si bien.
Cela allait durer 3 minutes 53. Je ne voulais pas que cela se termine. Il y avait un dernier couplet. Il a inondé mes oreilles, qui ne voulaient pas l’entendre :
Je me suis levée, les yeux embués. J’ai déposé un baiser sur le bout de mes index et majeur réunis. Je l’ai soufflé par-dessus les tables qui me séparaient de lui. Il me l’a renvoyé d’un discret mouvement des lèvres.
Je me suis tournée vers la sortie, titubante, bousculée par mes émotions noyées dans le mojito. J’ai longé le mur, trébuchant, refusant toute aide, me cognant aux arcatures. Derrière moi, j’abandonnais le cœur et le corps de l’amant d’un jour, promis à d’autres aventures.
Le lendemain, je reprenais mon trek, le cœur et le corps transformés. L’esprit ailleurs.
Je ne voyais plus les paysages que je traversais. Seulement les images laissées par nos jeux complices de la veille. Les cinq ou six leçons prodiguées repassaient en boucle dans mes pensées agitées. Les leçons, mais aussi ces moments d’interlude où se succédaient tendres roucoulades et franches rigolades. Je m’en souviens encore comme si ...
... c’était hier.
Je me rappelle les arbres du sous-bois qui égayèrent plus d’une fois le jeu du chat et de la souris. Il se terminait toujours par la victoire du chat face à une souris dont la stature raidie la rendait bien facile à attraper. Et, toujours, le chat prenait un cruel plaisir à jouer avec sa proie, avant de devenir chatte et de la dévorer avec joie.
Le soleil aussi participait à nos batifolages, plus aquatiques ceux-là. Qui se jouaient alors en une partie à trois, où notre chaud partenaire, résolument viril mais à tendance bi marquée, ne se privait pas de nous lécher de ses rayons torrides. Et lorsque nos deux corps flottaient, immobiles, tels deux planches abandonnées, il prenait un malin plaisir à s’attarder sur tout ce qui émergeait, ici et là. Surtout là, sur ce que notre excitation du moment érigeait hors de l’eau, hardiment.
Il y eut aussi cet intermède musical où sa guitare évoqua des "Jeux Interdits". Mais ce jour-là, tout nous était permis.
Pour la dernière leçon, j’ai voulu revivre en vrai mon fantasme de la nuit. Je lui ai raconté, et mon rêve devint réalité. Au moment où ma fleur s’est posée sur sa tige, j’ai réalisé que le scénario devait être modifié.
Je lui ai demandé comment il faisait pour être toujours aussi grand, aussi dur, comment il faisait pour avoir toujours envie. Il me répondit : « Comment fais-tu pour qu’il en soit toujours ainsi ? » Je me suis soudain sentie femme, belle, désirable.
La mouette glissa sur l’aile, amorça son ...