[Sci-fi] Fièvre rose (3)
Datte: 14/02/2021,
Catégories:
Divers,
Auteur: Narcisseique, Source: Xstory
— Bienvenue ! Clipsez votre badge porte-nom bien en évidence sur votre haut. Un guide va vous escorter jusqu’au parc. Nous vous souhaitons un agréable séjour parmi nous. Avec Fièvre rose, voyez la vie en rose !
C’est reçu par ces mots que j’imagine mon arrivée à la citée des plaisirs, au coucher du soleil. Nous sommes un petit groupe d’invités. Des femmes à bite en talons hauts, porte-jarretelles et soutien-gorge en dentelle laissent aisément paraître leurs tétons et nous prennent par les fesses. Conviés à passer la nuit en groupe, nous faisons des "jeux d’intégrations" coquins et nous nous introduisons les uns aux autres par le cul. Nous rejoignons au lever du jour nos villas privatives luxueuses avec piscine, grand salon et chambres de harem. Nous découvrons enfin, à la nuit suivante, des attractions comme la grande roue de la chatte, les grandes pines russes et le manège bandant. Aux abords, des salons de massage, des thermes au milieu de vastes jardins suspendus et des casinos nudistes nous attendent.
Point de tout cela.
Je suis plongé(e) dans une cuve de gel pseudo-amniotique par un laborantin sans manière qui appuie sur ma tête pour que cela rentre plus vite. Je crois me noyer. Black-out. On m’arrache à un rêve érotique agréable par un simulacre violent de renaissance.
Passés les derniers tests de résistance psychologique et physique, je ne désespère pas de ma villa, mon petit paradis superficiel et les activités de colonie de vacances érotique. Au lieu de ...
... cela, on m’inflige la traversée en groupe d’un beaucoup trop long tube de verre suspendu qui passe au-dessus d’un centre-ville grouillant de passants en habits de la fin du XIXe siècle. La frustration de ne pas disposer de plaisirs immédiats m’empêche de profiter de la vue rare. J’entends les hélices des ballons dirigeables, bateaux de croisière qui naviguent au-dessus de nous. Je vois les jardins de fleur, les fontaines et les routes pavées qui décorent les larges rues ouvertes. Je sens l’odeur des herbes, des épices et des fruits vendus sous les arches des immeubles d’architecture classique bien entretenus. Je dédaigne cette idéalisation bobo snob romantique vintage et écolo. Merde.
Je suis venu ici pour me soûler au sexe, pas pour vivre dans un roman de Zola remastérisé par Disney, Greenpeace et un éditeur de steampunk.
Personne ne vient nous voir. Apparemment, nous ne serons plus tenus par la main. Nous sommes livrés à nous-mêmes. Le tube de verre débouche sur un grand hall et trois toboggans. Je ne peux pas refouler un rire nerveux. Non, je ne me sens pas bien à Fièvre rose et je suis toujours le même exhibitionniste voyeur compulsif et pudique. Le coup de foudre demeure toujours la suite de mon attirance sexuelle au premier coup d’œil pour autrui. Tous ces étranger(e)s nu(e)s bisexués(e)s me mettent en rut. Je cache le sexe qui me trahit le plus sous mes mains. Je suis ridicule. Un bon tiers d’entre nous mouille et bande et certains se masturbent. Nous transportons ...