La petite fleur épineuse - Histoires de Sexe

La petite fleur épineuse

... Arrête de faire la belle et pose-toi, ça te fera du bien ! T’arrives même plus à parler, répondit la joggeuse du même rire moqueur.

En effet, Alicia sentait que ce n’était plus qu’une question de secondes avant que son point de côté ne la force à abandonner la course. Elle décida de tenter le tout pour le tout :

— Si tu t’arrêtes pas… je… je ne m’arrête pas…

Alicia était alors certaine que la joggeuse allait amorcer un sprint pour la semer et l’humilier mais, à sa grande surprise, cette dernière commença à ralentir sérieusement sa cadence. Les deux femmes étaient à présent en train de trottiner. Alicia boitait légèrement à cause de la douleur et continua à ralentir encore jusqu’à reprendre un rythme de marche. La joggeuse lui fit signe de s’arrêter, et toutes deux s’appuyèrent contre deux arbres qui indiquaient que le sentier bifurquait et qu’un chemin plus étroit et tortueux pénétrait plus profondément dans les bois. Au bout de longues minutes, les groupes de marcheurs finirent par les rattraper et les dépasser, continuant leur route sur la grande artère de la promenade. Alicia reprit lentement son souffle et regarda le visage de cette femme imperturbable qui la considérait alors avec des yeux perplexes. Voyant que son admiratrice avait retrouvé son souffle, elle lui dit :

— Je tourne à gauche sur ce petit chemin. Continue avec les autres et fiche-moi la paix ! T’as compris ce que je te dis ?
— Je devais moi aussi prendre ce sentier de toute façon, mentit ...

... Alicia. Je vais faire une boucle pour revenir à ma voiture.
— Tu te fous de ma gueule, c’est ça ? répondit sèchement la joggeuse. Tu n’arrives même pas à me suivre sur cent mètres, et maintenant tu me dis que tu vas t’aventurer sur un sentier très escarpé pendant deux heures. Si tu voulais jouer à faire la course, tu t’es trompée de jour, la ménopausée ! Dégage maintenant !

Alicia ne se laissa ni impressionner, ni blesser une seconde fois. Elle prit la voix la plus suave possible et s’efforça de sourire :

— Si tu es allergique aux femmes de quarante ans, alors je te propose de passer devant. Vu que je connais pas encore très bien le chemin, tu me serviras d’éclaireur. À moins que tu veuilles que ce soit moi qui passe devant…

La joggeuse se contenta de lâcher un soupir d’exaspération, tourna le dos et commença à suivre le petit sentier. Elle resta totalement impassible lorsqu’elle entendit la voix d’Alicia juste derrière elle.

— Et au fait, mon nom c’est Alicia. Appelle-moi comme ça la prochaine fois. Tu t’appelles comment toi, dis-moi ?

Le décor était désormais de plus en plus sombre à cause du feuillage des arbres qui, plus dense que la canopée, laissait rarement percer la lumière rouge du soleil couchant. Cependant il faisait plus chaud à l’intérieur même du bois car le vent de la nuit tombante avait bien du mal à forcer le barrage des arbres et atteindre les deux aventurières.

Alicia commençait à désespérer. Cela faisait maintenant près d’une heure qu’elle ...