1. Les randonneurs


    Datte: 24/01/2021, Catégories: fh, couple, forêt, collection, jalousie, noculotte, massage, Humour nature, Auteur: Veilleur, Source: Revebebe

    ... pas de souci, mon amour. Je t’aime, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.
    
    Elle a lu ça sur une carte postale. Plus elle veut me persuader de son amour, moins je suis rassuré. À chaque retour de randonnée je devrai trouver un moyen de vérifier que Sylvain n’a pas enrichi sa collection de trophées à mes dépens. Au cours des deux randonnées suivantes, je n’ai pas quitté Anne des yeux. Toujours proche d’elle, toujours attentif, lorsque pour remonter son sac à dos ou pour en sortir sa gourde elle ralentit le pas et se laisse glisser vers l’arrière, je décroche immédiatement et vole à son aide.
    
    — Je suis là, mon amour. As-tu besoin de quelque chose. Que puis-je faire pour toi ?
    
    Je ne lui laisse pas l’occasion de se laisser couler vers le piège à dragueurs en fin de cortège. L’une ou l’autre fois je lis un peu d’agacement dans son regard. Je fronce les sourcils et j’ai droit à un « merci mon chéri. » Au rassemblement du départ, aux étapes de repos, dès l’apparition de Sylvain je fonce sur lui, lui demande s’il a déjà réussi son coup aujourd’hui, suffisamment fort pour être entendu de notre entourage. J’en vois sourire plus d’un et plus d’une. Anne me demande d’être plus discret, parce que le pauvre prend la fuite à mon approche.
    
    — Sois gentil, fiche lui la paix. En t’en prenant à lui, tu attires injustement les soupçons sur ma conduite. Tu n’as aucune raison de le persécuter. Je t’aime, je t’aime !
    
    J’en suis moins sûr qu’elle. Je veille au grain. Le renard ne ...
    ... dévorera pas ma poule devant moi, si je peux employer cette comparaison.
    
    Aujourd’hui, à mon retour, Anne range rapidement son ouvrage, m’embrasse tendrement et se précipite en cuisine pour me préparer un café. Je soulève le couvercle de son panier et examine la pièce du dessus. C’est une charmante culotte de dame en soie rose. Je me pique à une aiguille : ma petite femme était en train de broder son court prénom dans un cœur à l’avant de l’objet. Étrange, c’est une première. A-t-elle peur de perdre le précieux étui, veut-elle me rappeler son prénom ou veut-elle en faire cadeau à un collectionneur ? Souhaite-t-elle que le séducteur puisse reconnaître au premier coup d’œil cette offrande, et la distingue infailliblement parmi toutes ses prises anonymes, emportées souvent par surprise ? Ce serait comme une volonté d’exister dans la durée, de faire durer l’adultère, d’en faire une longue histoire d’amour, une liaison sans fin.
    
    De sa conduite les jours suivants je conclus que la broderie n’est pas destinée à attirer mon attention : elle disparaît. Malgré ma jalousie maladive, je ne cherche pas dans les tiroirs ou les armoires. Mieux vaut croire que l’objet occupe sa place parmi ses semblables.
    
    — Je suis très fatiguée, mon amour et je me suis fait une entorse à la cheville. Je ne pourrai pas participer à la randonnée. J’en suis malheureuse, je me sens si bien quand nous marchons côte à côte. Hélas, demain tu iras sans moi. Je ne voudrais pas te priver de cette sortie.
    — ...
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