Claire
Datte: 15/01/2021,
Catégories:
jeunes,
campagne,
nonéro,
portrait,
sorcelleri,
historiqu,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... l’analyse très poussé, et certainement lui donnerait des conseils pour ne pas commettre d’impair. Cette pensée acheva de la rassurer, et c’est avec énergie qu’elle poussa la barrière blanche et toqua à la porte.
— Claire, c’est moi ! Tu es là ?
— Entre, je cire mes chaussures.
Anita retrouva son amie dans la cuisine, armée d’une brosse, lustrant ses chaussures à boucles. Elle paraissait nerveuse et maugréait :
— Je ne sais pas pourquoi je fais cela, personne ne me verra !
— Moi je te verrai et j’ai pas envie que ma meilleure amie soit moins jolie que moi ! Allez, quitte vite cette vilaine jupe noire ! Je veux te voir dans la robe de ta mère !
Et elle lui tendit le paquet qu’elle avait apporté en ajoutant :
— Je te l’ai même repassée avant de partir. Et crois-moi, ça n’a pas été simple avec les deux rangs de volants que j’ai laissés en bas, sans parler de maman qui râlait parce que je n’arrivais pas pour le dîner !
Claire la remercia chaleureusement et enfila la robe.
— Je te replace le décolleté, voilà… Tourne maintenant, que j’attache les boutons dans le dos… Magnifique ! On va dans ta chambre pour te coiffer et te faire une beauté ?
— Laisse, j’ai apporté tout ce qu’il faut ici.
Et elle lui tendit un peigne et une brosse. Anita fit la moue.
— Tu ne veux pas que je te maquille ?
— Ah non, je n’aime pas ça !
— Claire, un peu de rose aux joues… ça ne va pas te manger !
— Tu es exaspérante !
— Oui, mais n’empêche, j’ai l’oeil pour la toilette ...
... ! riposta malicieusement Anita en brossant énergiquement la longue chevelure brune de son amie. Claire soupira.
— Il fera nuit et je ne vais rencontrer personne.
— Comme tu veux. J’ai trouvé dans mes affaires un ruban du même rouge que les oeillets de la robe. Je vais te retenir les cheveux avec : ils sont si beaux que ce serait un crime de te faire un chignon ! Voilà… Tourne-toi… Oui, c’est très joli, mais il manque quelque chose… Je sais ! Attends deux secondes !
Et Anita courut à l’étage. Elle redescendit très vite et tendit un bracelet et une paire de boucles d’oreilles en or à son amie.
— Voilà une occasion de les mettre.
— Les bijoux de maman ?
— Claire, je suis sûre que ta mère serait très fière que tu les portes !
— Si tu le dis…
Elle céda, plus pour le souvenir de sa mère qu’autre chose, puis enfila ses chaussures. Elle était fin prête.
— Un petit peu de sent-bon et on part ?
— Alors je vais dans ma chambre ! Comme ça, je verrai à quoi je ressemble !
La psyché lui renvoya l’image d’une jeune fille élégante en robe fleurie, tellement loin de la fermière endeuillée sans âge dont elle avait l’habitude, qu’elle eut un sursaut de frayeur. Sa métamorphose d’un soir lui faisait réaliser soudain combien elle se contraignait au quotidien. Un instant, elle fut tentée de retrouver ses vieux vêtements et d’oublier la fête. Mais de crainte de fâcher son amie, elle se força à sourire et s’aspergea d’un peu d’eau de toilette, mélange d’iris et de rose, avant de ...