Complications - Histoires de Sexe

Complications

... je… commença Nouria.

Sans attendre sa réponse, je m’élançai en haut.

* * * * *

Nassera El Khadoui contempla le corps sur la table de travail et mit en route son dictaphone.

— Homme de vingt-quatre ans, taille un mètre quatre-vingt-deux, environ soixante-quinze kilos. Décès constaté cette nuit du trente juillet mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit. Cause du décès…

Elle coupa son dictaphone et hésita quelques secondes. Elle ne parvenait pas à détacher ses yeux des deux marques de canines au cou de la victime. Avec quel instrument avaient-elles pu être faites ?

C’était une jeune femme brune, aux cheveux bouclés, au teint halé, aux grands yeux noirs. Séduisante, professionnelle, elle gardait son sang-froid dans toutes les situations… jusqu’à cette nuit. La morgue lui parut trop silencieuse. Nassera remit le dictaphone en marche :

— Vidé de son sang. Je remarque deux étranges marques dans le cou de la victime, semblables à des canines.

Elle coupa l’enregistrement et examina le corps. Froid. Inerte. Plus mort que mort. Dommage. Un beau jeune homme qui avait la vie devant lui. Il y eut un bruit métallique derrière elle. Poussant un cri involontaire, elle se retourna.

Personne.

Un frisson la parcourut. Elle aurait donné cher pour être loin d’ici.

— Qu’est-ce qui m’arrive ? se demanda-t-elle.
— Rien du tout.

Elle fit un bond en arrière et hurla d’épouvante. Elle se heurta à la table de travail.

— Putain, c’est que moi, ho ! fit ...

... Carine.

Nassera ferma les yeux et reprit son souffle, sur le point de faire un arrêt cardiaque.

— Connasse ! hurla-t-elle.

Sa collègue avait toujours le don de faire des mauvaises blagues aux mauvais moments.

— Mais c’est pas possible ! hurla Nassera. T’es dingue, Carine, merde !

Carine se rapprocha d’elle et voulut l’embrasser : Nassera esquiva.

— Hé ! Ho, je faisais juste que rigoler, Nassera. Calme-toi.

La médecin légiste ne sourit même pas. Carine s’avança, cette fois-ci. Nassera resta en place. La blonde Carine posa ses lèvres sur les siennes. Après un instant d’hésitation, Nassera lui rendit son baiser.

— Tu travailles sur quoi ?
— Un cas très bizarre, répondit-elle, heureuse de ne plus être seule avec le mort.
— Hm, et tu as deux minutes devant toi ?
— Pas plus. Mais pas ici, Carine. S’il te plaît. Allons dans le bureau.

Carine l’embrassa dans le cou en lui caressant les seins à travers sa blouse.

— Tout ce que tu voudras, ma belle..

* * * * *

— Oh Ben, Ben… fit Nouria.

Les mots me parvenaient, mais je ne les comprenais pas. Mes yeux étaient fixés sur le corps inerte de ma mère, allongée sur le lit. Elle était belle. L’air apaisé. Je tombai à genoux devant le lit. Les larmes coulaient le long de mes joues. Maman… Morte.

Je n’arrivais pas à réaliser. Ce ne pouvait pas être vrai. Alors pourquoi avais-je tant de peine ?

— Ben…

Nouria s’agenouilla et me prit dans ses bras en me berçant doucement. Il l’avait tuée. J’étais arrivé trop ...