1. Visite du travail (1)


    Datte: 29/04/2018, Catégories: Divers, Auteur: mikenique, Source: Xstory

    Et voilà. Comme tous les deux ans il fallait y passer. Le rituel de la visite médicale. Certains collègues aimaient bien cette parenthèse dans leur journée. Ils faisaient traîner, s’inventaient des bobos, et passaient plus de temps que de nécessaire dans les locaux de la médecine du travail avant de s’arrêter pour faire un PMU et boire un café avant de prendre le chemin du retour.
    
    Moi, ça m’embêtait plus qu’autre chose. Aller remplir un bocal et un questionnaire avant d’être reçu par le vieux docteur antipathique qui semblait en avoir marre de son boulot dès huit heures du matin. Enfin, sans le petit papillon tamponné "apte", le chef de service ne validerait pas les heures du mois, alors il fallait bien s’acquitter de cette corvée.
    
    La salle d’attente était toujours aussi sombre, avec les mêmes magazines sans intérêt. Je n’eus pas à y attendre longtemps, la secrétaire m’invita à la suivre pour remplir les premiers documents. Plus proche de la fin de sa carrière que du début, c’était une femme élégante, aimable, et souriante. À l’opposé du vieil homme blasé qu’elle assistait. La touillette trempée dans l’échantillon d’urine avait rendu son verdict et les tests acoustiques et optiques aussi. Restait à passer dans le cabinet.
    
    — Monsieur M----- ?
    
    Tiens ? Ce n’était pas le vieux toubib.
    
    — Docteur G-----, je remplace le docteur F----- qui a fait valoir ses droits à la retraite. Suivez-moi je vous prie.
    
    Je m’exécutai, soulagé de ne pas subir la conversation ...
    ... soporifique du vieux médecin. Sa remplaçante, puisqu’il s’agissait d’une femme, avait une cinquantaine d’années. Grande, mince, un physique ordinaire (comme moi en somme !), presque trop austère dans sa jupe noire et son chemisier gris sous sa blouse ouverte. Mais les visites médicales avec des doctoresses plantureuses et coquines, c’est du domaine du fantasme après tout.
    
    — Passez dans la cabine et ne gardez que vos sous-vêtements.
    
    C’est ainsi vêtu ou plutôt dévêtu devrais-je dire, que je me retrouvais face à elle. Elle m’invita à m’asseoir et reprit le questionnaire précédemment rempli par la secrétaire semblant y trouver des réponses satisfaisantes.
    
    — Bien, parfait. Vous travaillez à Carrefour. Ça se passe bien ? Pas de souci particulier.
    
    — Non, des horaires un peu décalés parfois, mais sinon, comme dans chaque boulot, des moments plus durs et d’autres pas. Du bon et du moins bon.
    
    — Vous faites la mise en rayon ; vous faites attention aux postures de travail ?
    
    — On nous fait une réunion chaque année avec des responsables de la santé au travail, mais des fois entre la théorie et la réalité il y a un monde. Vous savez, le patron veut que tout soit en place quand on ouvre, alors des fois, plier les jambes, se lever doucement etc... dans le feu de l’action ça semble compliqué. Faut que ça aille vite et bien
    
    — C’est malheureusement le discours qu’on a souvent avec la grande distribution. Mais vous savez, votre patron quand vous aurez lumbago sur lumbago, hernies ...
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