1. Véro à la plage


    Datte: 24/12/2020, Catégories: fhh, hplusag, plage, Auteur: Pascal Laurent, Source: Revebebe

    ... dit :
    
    — Bonjour. Belle journée, n’est-ce pas ?
    
    Et là, mon Jean-Jean, habituellement si froid, distant, voire même rustre, lui répond :
    
    — Oui, on ne saurait pas espérer mieux à cette époque !
    
    Non mais, je rêve ! Le voilà qui entame une conversation badine alors qu’il est à poil ! Et j’ai beau le tirer discrètement, impossible de le faire avancer.
    
    — Et bien bel endroit aussi ! renchérit le casse-pied.
    
    Je bous intérieurement et j’ai beau lui écraser la main, regarder ailleurs de manière on ne peut plus explicite, rien n’empêche mon mari d’y aller de sa tirade convenue :
    
    — Un vrai coin de paradis !
    
    Alors là, c’est du délire ! Lui qui me coïtait bruyamment il a cinq minutes se mue en agent touristique, mauvais en plus ! C’en est trop. Je lui lâche la main et pars, furieuse, rejoindre notre « paradis », consciente toutefois que ma démarche a quelque chose de ridicule car mon entrejambe ne s’est pas encore remis du double traitement inhabituel qu’il vient de vivre… Mais, tout en m’éloignant, j’ai encore le temps d’entendre la dernière réplique de ce… de cet… :
    
    — Est-ce que je peux me joindre à vous ?
    
    Quoi ? Mais il est fou ? Trois petites phrases et il croit déjà être le bienvenu ? J’imagine une collection de réparties assassines qui vont de « Allez vous faire voir ! » à « Dégage, connard ! » un peu excessives, je le reconnaîtrais sans doute volontiers si je n’étais pas aussi remontée. J’arrive péniblement en haut de notre dune et m’allonge, au soleil ...
    ... cette fois. Je sens la chaleur du sable à travers la serviette sous mon ventre et je suis surprise d’éprouver l’envie de retirer mon maillot. Mais non, cette fois, c’est fini les bêtises, je vais me ressaisir et retrouver un comportement normal. J’attends que mon Jean-Jean me rejoigne, retrouve lui aussi ses esprits, nous pique-niquerons alors gentiment et prendrons le soleil en faisant des mots croisés, puisqu’il aime ça.
    
    — Et comment avez-vous découvert cet endroit ?
    
    Il est toujours là ! Donc, mon cruciverbiste l’a invité « à se joindre à nous » ! Mais moi, je ne l’ai pas convié ! Je veux qu’il s’en aille ! Et pour bien montrer mon mécontentement, je leur tourne le dos… encore que ce n’est pas vraiment mon dos que je leur montre, mais plutôt mes fesses, et bien écartées avec ça. Je m’empresse subrepticement de les refermer. Mais mon mari lui répond comme si je n’étais pas là :
    
    — En fait, c’est parce que j’adore éplucher les cartes d’état-major que j’ai remarqué cette plage et le petit chemin à peine tracé qui serpente sur deux ou trois kilomètres de dunes. J’ai donc eu envie d’explorer cet endroit sauvage. Mais vous-même, comment connaissez-vous cette plage ?
    — Oh moi, c’est une vieille histoire. Avec ma femme, on marchait beaucoup et on est arrivés ici par hasard. Ça a été le coup de foudre et on est revenus régulièrement ensuite.
    — Mais… elle ne vous a pas accompagné aujourd’hui ?
    — Non. En fait, elle est morte il y a cinq ans. Depuis, je n’y viens plus que ...
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