L'île
Datte: 23/12/2020,
Catégories:
nonéro,
Auteur: HugoH, Source: Revebebe
... Jésus, cette planète était remplie de gens. À moins de choisir un chantier ou une salle porno désaffectée, impossible de trouver un endroit calme.
Rubben commença à pleurer, il voulait vraiment rejoindre sa sœur qui se perdait dans la nuée tourbillonnante. Heureusement qu’il y avait ce ballon bleu dans lequel elle frappait et qui semblait une balise aux yeux de Karl. Sophia se retourna vers lui, l’air inquiet.
— Il veut la rejoindre, lui dit-elle.
Mais Karl n’entendait pas, son attention tout entière focalisée sur sa fille, serrant plus que de raison la main de son fils. Deux petits garçons s’étaient approchés de Léane et l’un des deux attrapa son ballon. Karl secoua doucement la tête. Sa nuque raide lui faisait mal. Les deux garçons bousculèrent Léane alors que celle-ci essayait de récupérer son bien.
Rubben pleurait à chaudes larmes maintenant, les jointures blanches d’être compressées par l’affolante inquiétude de son père.
— Mais bordel, qu’est-ce que tu as ? dit Sophia.
Léane restait interdite devant les deux enfants rieurs. Moqueurs ? Moqueurs, oui, les petits salauds. Karl souffla lentement, frappé par la soudaine pâleur de Léane. Rubben dégagea sa main et vint se blottir dans les bras de sa mère. La lumière était vive qui rendaient les visages presque invisibles. Karl avança d’un pas, puis enchaîna soudain les foulées. C’est lui qui hurlait ainsi ? Non, ça ne pouvait être lui qui invectivait de la sorte les deux garçons.
— Bande de merdeux, bande ...
... de petites merdes, rendez ça à ma fille !
Stupéfaits ils le regardaient fondre sur eux sans réagir et il en fût de même lorsque la main de Karl vint gifler avec force le plus grand des deux.
Les gens alentour s’étaient immobilisés, heurtés par la brutalité de la scène. On murmurait, quelques plaintes s’échappèrent dans le ciel froid. Puis un homme fendit la foule, grand, mal rasé, fort à ce qu’il pouvait en juger. Il ne parla pas, mais se saisit de Karl. Terriblement tendu. Frappa une fois, deux fois, trois fois. Poings fermés, coups secs, lui brisa le nez.
Karl tomba à genoux, observant avec une curieuse satisfaction le sang couler sur le sable. La menace n’était pas partie pour autant. Il pouvait la sentir. Par-delà cette vaste cour que le soleil embrasait, par-delà les arbres, par-delà les immeubles, par-delà tout ce merdier.
Sophia plonge dans l’eau hydrogénée. C’est l’heure du champagne. Karl se lève de son transat, laissant ses pensées disparaître dans la lumière de la fin de journée. Il attrape une bouteille dans la cuisine, fait claquer le bouchon et arrose deux flûtes de cristal qui brillent fugacement. Quand il revient, l’air s’emplit d’une douce musique, une écume tendre qui vient lécher le contrebas de l’île.
S’approchant de la piscine, les coupes à la main, il observe sa femme effectuer un merveilleux crawl. Nulle éclaboussure ne vient troubler le silence de sa droite trajectoire. Le juste mouvement de la tâche correctement accomplie. Il avale une ...