1. Séjour fantastique (5)


    Datte: 21/12/2020, Catégories: Lesbienne Auteur: Velshaëlle, Source: Xstory

    A l’extérieur soufflent de puissantes bourrasques de vent qui font parfois grincer le tronc du vieux cerisier, et la pluie tombe avec force.
    
    — Tu viens ? m’interpelle Melissa, allongée sous la couverture.
    
    Cela fait en effet de longues secondes que je suis plantée devant la fenêtre. Je suis sur le point de m’en détourner pour rejoindre ma chérie lorsque soudain, près du troène qui sépare l’ancien potager et le carré d’herbe au centre duquel se dresse le cerisier, je distingue vaguement une forme nébuleuse, comme une brume fine et légère. On dirait... Une silhouette humaine de petite taille... Précipitamment, je ferme moi-même les volets. J’ai bien conscience de faire du bruit mais, mue par la peur, je n’ai alors aucune considération pour ma sœur qui dort déjà.
    
    Je viens ensuite m’installer près de Melissa. Je tourne la tête dans sa direction, je ferme les yeux puis, délicatement, avec tendresse, je presse mes lèvres contre les siennes avant d’introduire ma langue dans sa bouche. Pendant quelques instants, nos langues se rencontrent, se heurtent, tournent l’une autour de l’autre.
    
    Au terme de ce baiser, Melissa s’allonge confortablement tandis que de mon côté, j’enfonce dans mes oreilles de vieux bouchons achetés à l’occasion d’une sortie familiale qui m’avait conduite sur un circuit automobile. Je suis maintenant fin prête à dormir.
    
    En tendant le bras sur le côté pour éteindre ma lampe de chevet, j’aperçois ma sœur du coin de l’œil, étendue sur le matelas ...
    ... gonflable, au pied du mur qui fait face au lit. Tout au long de cette journée, elle a eu un comportement étrange, passant le plus clair de son temps devant la télé, sans rien dire ni faire le moindre mouvement. Elle n’a eu de réaction que les quelques fois où j’ai essayé de m’approcher d’elle. Mes trois ou quatre tentatives se sont soldées de la même manière : Stéphanie m’a foudroyée d’un regard noir et hargneux qui, finalement, m’a convaincue de m’éloigner et de garder mes distances.
    
    Un frisson me parcourt lorsque je revois mentalement ce terrible regard, semblable à celui qu’aurait eu une bête enragée. Ne sachant que faire, j’ai simplement laissé ma sœur devant la télé, qu’elle a continué de fixer pendant des heures. Ou plus exactement, elle a regardé quelque chose dans cette direction. Elle semblait en effet captivée par quelque chose qui se serait trouvé à l’intérieur de l’écran, ou au-delà de celui-ci.
    
    Pour ma mère, ce comportement étrange était à mettre sur le compte de la fatigue. Moi, au contraire, je suis persuadée que l’explication est tout autre. Ce séjour chez ma grand-mère ne réussit visiblement pas plus à ma sœur qu’à moi-même...
    
    Je m’oblige à arrêter de penser à tout ça, et même de penser tout court, puis je me blottis contre Melissa. Je décide que je ne rouvrirai les yeux que demain matin, quoiqu’il puisse se passer cette nuit.
    
    ***
    
    Une main se pose sur mon épaule et me secoue légèrement. Je sens ensuite sur ma joue un contact fugace et mouillé. Je sais ...
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