Sixtine - Histoires de Sexe

Sixtine

... scène.

— Une religieuse ! Vous ne respectez rien.

La tête dans les étoiles, Sixtine redevenait sœur Sophie, elle ne put rien répondre.

— C’est pour Halloween, tenta David. Nous testons nos déguisements, la religieuse et le zombi.
— Très réussi, amusez-vous bien mes enfants, l’amour, il n’y a que ça de vrai.
— Mais enfin, Raymond, une religieuse ronchonna la vieille. C’estonteux !
— Laisse-les s’amuser, Simone. Il faut toujours que tu voies le mal partout.

Ils continuèrent à se disputer en s’éloignant.

— Je suis désolé, mais c’est la première idée qui m’est venue à l’esprit.
— Ce n’est pas grave.

Sœur Sophie avait la voix toute rêveuse.

— Viens, il faut partir vite.

Main dans la main, les deux jeunes gens s’enfoncèrent dans le labyrinthe de traboules – les ruelles et cours intérieures – que formait le quartier de la Croix-Rousse avant que des barrages ne soient disposés un peu partout.

— Il faut que tu changes de vêtements. Tu es trop repérable.
— Quitter mes vêtements ?
— Non, juste en changer… viens par ici. Tu permets ?

David l’entraîna de nouveau dans un recoin, à l’abri des regards.

Il démonta la coiffe de la jeune femme.

— Que fais-tu ?
— Ils recherchent un homme et une religieuse. Changeons la religieuse…

Sophie porta les mains à son visage qui apparaissait ainsi que ses cheveux. Il la regardait, bouche bée, émerveillé. Gênée par ce regard admiratif, elle rougit et baissa les yeux. Lui avait la bouche sèche. Il ne pouvait ...

... détacher ses yeux de ce visage angélique encadré de courts cheveux roux. Il adorait les rousses.

Pour chasser son malaise, David s’adressa à un SDF assis sous un porche.

— Salut, tu n’aurais pas un couteau à me prêter ?
— Tu vas pas faire une connerie avec ?
— Je veux faire de la haute couture sur la demoiselle.

Comme ils se cachaient au passage d’une voiture de police, le gars leur fit un sourire.

— Tenez, si c’est pour échapper aux schmitds.

Il tendit un Opinel.

— Je vais faire de la haute couture.

Il ôta le scapulaire et découpa la robe au niveau du genou. Heureusement le couteau coupait bien. Il faisait attention de ne pas toucher de sa lame la peau de la jolie religieuse.

Des fils pendouillaient de-ci de-là.

— Attends mon gars. J’ai ce qu’il te faut. Passe la flamme du briquet sur ces fils, ça sera comme neuf.

Le vêtement passait plutôt inaperçu. Seule la présence des pieds nus dans les sandales pouvait choquer.

— Elle ira pas faire la fachion ouik⁽³⁾, mais pour échapper aux blaireaux, ça ira.

Le SDF semblait content de lui, de sa bonne action. David tira de sa poche le dernier billet de dix euros qui lui restait et le lui tendit.

— Merci, mon gars. Bonne chance les amoureux.

Ils s’en allèrent main dans la main, David épongeant le sang sur son visage avec les restes de la robe. Sophie/Sixtine s’interrogeait sur les propos du vagabond. Amoureuse, elle qui n’aimait que Dieu ? Enfin c’est ce qu’elle croyait il y a peu de temps ...