1. Bacchanales (1)


    Datte: 16/12/2020, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    Les légionnaires de la garde prétorienne, seule unité en armes admise dans l’enceinte de Rome, se figèrent au passage de la jeune femme. Aurélia peinait à se sentir à l’aise dans la domus Flavia, la partie publique de l’imposant palais consacrée aux affaires de l’empire lui paraissait froide, impersonnelle, liée au malheur. Le sang des empereurs assassinés servait de mortier aux dalles de marbre de l’Aula Regia, la salle d’audience embellie de riches trophées glanés dans les conquêtes.
    
    – Vous avez êtes dans le vrai, mon oncle, le temps est venu d’ouvrir la magistrature aux citoyens de nos lointaines provinces. Cela limitera les risques de révolte.
    
    Claude délaissa le parchemin dévoilant les détails de l’avancée des travaux au port d’Ostie pour prendre les mains de la jeune femme dans les siennes.
    
    – J’apprécie de te savoir mon alliée en politique, ma chère enfant. Malheureusement, certains à Rome y verront une nouvelle spoliation de leurs privilèges, on peut s’attendre à des répercussions.
    
    Le discours sur la citoyenneté au sénat s’apparentait à une victoire, l’empereur avait imposé la réforme aux plus réticents avec beaucoup de calme. Son entourage y voyait un soulagement car la moindre contrariété le poussait à bégayer et à trembler, le visage déformé par de vilaines contractions.
    
    – Votre décision était la bonne, soupira Aurélia fataliste, laissez donc les sénateurs s’égosiller. Nombre de ces parvenus souhaiteraient diriger Rome comme ils mènent leur maison, à ...
    ... coups de bâton.
    
    – Une jeune fille de ton âge ne devrait pas tenir de tels propos, sourit l’auguste césar attendri, surtout une princesse bornée qui a réussi à me convaincre une fois encore de ne pas la marier. Je suis d’une incomparable faiblesse avec toi, tant de bonté me perdra, si ce n’est déjà fait.
    
    Les murs de la grande salle d’audience renvoyèrent en écho l’éclat de rire d’Aurélia, clair comme une source d’eau vive jaillie du cœur des Alpes.
    
    – Mon oncle ! Vous prétendez que je suis trop jolie pour appartenir à un homme, et vous m’enjoignez à chacune de nos entrevues de prendre un époux parmi une horde de prétendants obséquieux dont le plus jeune pourrait être mon géniteur. Une telle union me rendrait malheureuse. Est-ce là ce que vous souhaitez ?
    
    Claude contempla une ride d’expression sur le large front orné d’une mèche rebelle de cheveux noirs au raz des sourcils fournis. Il s’imprégna de l’insolence des immenses yeux sombres, des pommettes colorées, du nez mutin sur la petite bouche charnue aux lèvres ourlées afin d’en graver le souvenir dans sa mémoire.
    
    – Ton père était un frère pour moi, et je lui ai promis de t’élever comme ma propre fille. Aussi tu dois assumer tes responsabilités de princesse, la sauvegarde de l’empire exige des sacrifices.
    
    Neuf ans plus tôt, un légionnaire de la garde tenait la main de la petite Aurélia devant la dépouille du général Titius Livarius Bragga, la poitrine transpercée par la lame d’un poignard destinée à Claude, ...
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