Lourdes et les tapas - Histoires de Sexe

Lourdes et les tapas

... peine de tout perdre. Une fois pourtant, j’avais failli abandonner tellement j’avais peur d’être ridicule sur scène. Ce jour-là, Lourdes s’était sacrément mise en colère :

— Parce que tou crois peut être que le chevalier qui va délivrer sa princesse dans le donjon, il se pose des questions métaphysiques sour le danger ? Parce que tou t’imagines que Roméo, quand il revient à Vérone après avoir été banni, il pense à autre chose qu’à Juliette ? Tou as bien de la chance avec Elodie. Elle est trop gentille avec toi, parce que moi, si tou voulais me faire la cour, il te faudrait aller dans l’arène combattre oun taureau, et pas n’importe lequel, le plous dangereux qui soit, oun taureau de Miura. Et tou aurais intérêt à me ramener les deux oreilles et la queue ! Dis-toi bien que si tou envisages ne serait-ce qu’oune demi-seconde d’abandonner, tou m’auras sour le dos jousqu’ à la fin de tes jours et qu’à côté de ça, la descente aux enfers, c’est oune promenade de santé ! ALORS TOU TE REMETS ILLICO AU TRAVAIL, C’EST COMPRIS, NOVILLERO ?

Elle était comme ça Lourdes, super cool ou violente quand il le fallait, mais jamais tiède. Elle ne se posait pas de question, sauf pour le « Noutella ». Dans la vie, elle fonçait et tout lui réussissait.

J’avais repris les répétitions. L’angoisse montait, inexorablement, jour après jour. J’avais beau essayer de ne pas y penser, rien n’y faisait.

Discrètement, Lourdes veillait au grain. Sans en avoir l’air, elle s’occupait de tout, ...

... gérait l’intendance, vérifiait qu’il ne me manquait rien, occupait les filles pour qu’elles ne mettent pas trop le nez dans mes affaires.

Les derniers temps, elle passait chez moi chaque soir pour s’assurer que je tenais le coup.

La veille du spectacle, nous étions restés ensemble très tard et je l’avais remercié de tout mon cœur pour son soutien. Elle en avait été très émue.

— C’est bien la première fois que je coache oune apprenti matador, mais je souis soure que ça en vaut la peine. J’espère simplement que tou penseras encore à moi quand tou seras avec Elodie.

Alors, je l’avais prise dans mes bras en lui disant que quoi qu’il arrive, je ne pourrais jamais l’oublier. Je crois que je suis la seule personne au monde à avoir vu un jour ses yeux s’embrumer.

Le lendemain, c’est elle qui était venue me chercher pour m’emmener au théâtre.

— Voilà, à partir de cet instant, je ne peux plous rien pour toi, m’avait-elle dit en me laissant devant l’entrée. Jess n’a aucune inquiétude, elle est soure que tou es au point. Maintenant je vais aller chercher tes aficionados. Je ne les ai jamais vues aussi excitées, surtout Elodie.
— Est-ce qu’elle t’a dit quelque chose sur moi ? Sois sympa je t’en prie !
— Ça c’est des histoires de filles, ça ne te regarde pas. Bonne chance matador, ce soir tou vas l’affronter ton taureau de Miura.
— Tu crois que je vais réussir ?
— Bien sour, parce que le taureau à vaincre, il est en toi depouis trop longtemps. Ça fait des années qu’il ...