La fille du diplomate - Histoires de Sexe

La fille du diplomate

... habituelle. Elle avait donc surmonté son trouble. Il prit le verre en la remerciant, la regardant bien en face tout en le portant à ses lèvres. Mais elle détourna la tête, brisant le charme qui revenait au triple galop, et alla se servir un cognac, qu’elle dégusta debout, sans regarder Yann. Enfin, elle retourna s’asseoir, et de nouveau, ils se dévisagèrent.

Elle paraissait tellement innocente, à présent. Hésitante. C’est toujours difficile de commencer une conversation avec un parfait inconnu… d’autant plus difficile qu’ils avaient partagé un désir commun pendant de trop fugaces minutes.

— Vous vivez seule ici ? demanda Yann en regardant son verre.

Elle mit un peu de temps pour répondre, et en lui jetant un rapide coup d’œil, Yann constata qu’elle s’était raidie.

— Oui… je vis seule.
— Votre… employée vous a nommée Miss Beckett, tout à l’heure… et vous habitez une villa réservée aux membres du corps diplomatique américain. Vous êtes américaine ?
— Eh bien, à moitié seulement… ma mère est française.
— Ah, je me demandais aussi… Vous n’avez aucun accent.
— Je vis en France la plupart du temps, répondit-elle nerveusement, avant d’avaler une autre gorgée de cognac.
— Et donc, vous vouliez partager votre appartement avec ce… euh, Rick.

Cette fois, il la vit parfaitement tressaillir. Ah ah, avait-il touché le sujet qui fait mal ?

— Parlons d’autre chose, voulez-vous ? suggéra-t-elle d’un ton qu’elle ne réussit pas tout à fait à rendre léger. Par exemple… ...

... vous n’êtes pas marié, je suppose ?
— Grands dieux, non ! Plus célibataire que moi, vous ne trouverez jamais… répondit-il laconiquement. Et ce Rick, insista-t-il, qu’est-il exactement pour vous ?

Il s’attendait à la voir vider son verre. Avec attention, il l’observa, sentant là le point faible de la jeune femme. Elle garda les yeux baissés un long moment, et il perçut les louables efforts qu’elle faisait pour maîtriser la situation. Mais lorsqu’elle releva la tête, point de gêne dans l’expression… mais un grand sourire malicieux et des yeux brillants.

— Je crois que la comédie a assez duré, dit-elle enfin d’une voix claire.

Yann eut à peine le temps de froncer les sourcils qu’elle annonçait tout de go, hilare :

— Je ne connais pas de Richard, ni de Rick, Yann. Je n’avais pas l’intention de vous le dire, mais comme vous commencez à m’être sympathique, je préfère ne pas démarrer notre soirée par un malentendu. Je suis pratiquement toujours toute seule, et je m’ennuie. J’ai donc trouvé un passe-temps divertissant. Je téléphone chez des gens que je ne connais pas, voilà tout. J’ai fait votre numéro au hasard… et je suis tombée sur votre répondeur. J’ai aimé votre voix… Alors j’ai rappelé… vous connaissez la suite.

Ses paroles mirent un certain temps à monter au cerveau de Yann. Parfaitement immobile, il posa sur elle un regard désagréable, tandis que ses doigts se serraient autour du verre à moitié vide, si fort que ses articulations blanchirent.

— Vous voulez ...