1. File d'attente


    Datte: 22/11/2020, Catégories: portrait, Humour Auteur: Giusepe, Source: Revebebe

    ... qui n’a rien donné, d’ailleurs. Le curé a quelques soupçons – des jeunes sûrement – et il espère bien les coincer un jour. Que dirait-il s’il savait que c’est Béatrice la voleuse ?
    
    Hé oui, Béatrice, d’ailleurs bourrée de remords, mais ce geste est la conséquence d’une incontrôlable pulsion qui la dépasse. Chez elle, dans la solitude de sa chambre, le soir, elle s’assoit nue sur une chaise, face à un miroir au-dessus duquel elle a accroché le fameux crucifix. Là, elle se masturbe avec ardeur, en regardant dans le miroir ses doigts glisser sur son sexe. Elle utilise les cierges pour se pénétrer, elle aime les regarder coulisser lentement dans son intimité mystérieuse, luisante et chaude. Si elle était assez souple, elle se lècherait elle-même, comme elle aimerait cela ! Parfois, elle pénètre également son anus, toujours en se regardant. Elle fixe également sur sa croix Jésus, dont elle tente de croiser le regard. Elle imagine que c’est lui qui la touche. Si seulement Il pouvait descendre de son crucifix pour venir lui faire l’amour, à elle, rien qu’à elle ! Cette pensée ajoutée aux mouvements du cierge dans son vagin la projette dans une jouissance immense, totale, mystique.
    
    Au sortir de cette extase, elle ressent parfois de la honte et de la contrition, car Béatrice n’est pas sotte, et elle sent bien que ces derniers temps elle débloque un peu, et que la foi qu’elle enseigne aux enfants est assez éloignée de ces pratiques. N’importe, cette possibilité de jouir de son ...
    ... corps est plus forte que tout le reste.
    
    Béatrice sait qu’il n’est en soi pas très normal de n’avoir jamais fait l’amour avec un homme et de jouir au moyen de cierges, et en pensant au Christ, de surcroît. Elle se doute également qu’il doit y avoir un lointain rapport avec les attouchements dont elle a été victime à l’âge de dix ans, de la part d’un prêtre, ami de ses parents. Béatrice se dit aussi qu’en principe, connaître l’origine du traumatisme devrait l’aider, en théorie…
    
    Finalement, le plus bizarre pour Béatrice, c’est qu’à tout prendre elle n’est pas malheureuse, pas du tout, au contraire. Ses crises de remords sont de plus en plus rares. Son imagination la pousse déjà à chercher d’autres moyens de jouissance. Son rêve serait de se masturber dans l’église et, alors qu’elle fait la queue dans la boulangerie, elle réfléchit à une astuce pour en dérober les clés.
    
    Geneviève se trouve juste derrière un petit garçon de huit ans environ. Inoffensif. La tactique est toute trouvée. Geneviève feint de s’intéresser de très près à la devanture derrière laquelle sont exposées les pâtisseries : tartes à la crème, beignets aux pommes, éclairs au chocolat. Elle scrute, elle examine, et tout en scrutant, tout en examinant, imperceptiblement, elle se glisse à gauche du garçon, rampe contre la vitrine comme une limace, et, jouant de petits coups de coudes sournois, parvient à s’immiscer aux trois quarts devant. Un mouvement de la file d’attente lui permet de transformer son avantage ...
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