Le Fétiche (2) - Histoires de Sexe

Le Fétiche (2)

... celle-ci lui a appris que son fils lui avait non seulement transmis la vie mais avait aussi fait d’elle l’hôtesse du plus puissant des esprits chasseurs de Mongolie.

— Lorsque Gayan Hangai se choisit une demeure humaine, il n’y a rien qui puisse l’en déloger si ce n’est… la mort de celle-ci. C’est probablement lui qui vous a invitée à accueillir dans votre ventre les dernières étincelles de vie de mon fils défunt, et lui offrir par la même occasion un nouveau corps à habiter.
— Vous voulez dire que je suis condamnée à vivre avec cet esprit jusqu’à la fin de mes jours ?

La vieille dame ne lui a pas répondu, plongeant son regard triste dans la tasse de thé fumant qu’elle tenait dans ses mains. Je n’avais rien compris à leur conversation, mais à regarder les visages de l’une et de l’autre, en sentant la main de Tanya qui serrait nerveusement la mienne, j’avais compris que les choses ne seraient pas aussi simples que nous l’avions espéré.

— Et il n’y a pas d’autre chaman à qui on pourrait s’adresser ?
— Elle n’en connait pas, et elle est elle-même parmi les plus réputés du pays. Je ne vois pas comment on va pouvoir se débarrasser de ce… machin. Et s’il passe dans le corps de notre enfant, tu te rends compte ? Jamais je n’accepterai de mettre une telle créature au monde ; je préfèrerais mourir.

Elle a éclaté en sanglots tandis que je la serrais dans mes bras en tentant inutilement de la réconforter. La vieille chaman semblait aussi abattue que Tanya. Elle récitait ...

... des incantations mongoles auxquelles je ne comprenais rien mais qui traduisaient très clairement l’intensité de son désarroi.

— Amasank !

Les deux femmes m’ont regardé comme si j’étais soudain pris d’une crise d’hystérie. J’avais crié le nom de l’esprit achuar comme s’il s’était agi d’une révélation !

— On va demander l’aide d’Amasank. Si les chamanes mongols ne sont pas capables de déloger un de leurs esprits, peut-être que les chamanes jivaros ont des techniques appropriées !
— Tu l’as emmené avec nous ?
— … oui.

Pendant un instant, son visage a oscillé entre l’envie de me réprimander pour le lui avoir caché et de me remercier pour ne l’avoir pas fait !

— Pourquoi pas ? On n’a rien à perdre. Va le chercher.

Sans nous laisser le temps d’en discuter davantage, Tanya a raconté l’histoire d’Amasank à la vieille femme qui, à plusieurs reprises durant le récit, s’est laissée aller à rire aux éclats en dévoilant largement sa bouche édentée et en me jetant des regards sans équivoque. Je lui ai tendu le fétiche, qu’elle a contemplé longuement avant de se lancer dans une grande explication à l’attention de Tanya.

— Elle dit que nous ne pouvons pas tenter cette expérience seuls. Qu’il faut que nous soyons accompagnés d’un chaman.
— Quoi ? Elle… elle veut que j’enfile Amasank en sa présence et, pourquoi pas, participer à notre séance de… désenvoûtement ?
— Pas elle ! Un autre chaman, plus jeune et plus résistant.

Je n’étais pas enchanté à l’idée de partager ...