1. Un accident, une nuit (1)


    Datte: 15/11/2020, Catégories: Hétéro Auteur: Bugsy, Source: Xstory

    Il roule vite, trop vite, et il n’a plus qu’une idée en tête : se couler entre ses draps blancs. Après plus de 48 heures sans dormir, cela est compréhensible. Et c’est tellement grisant, la vitesse, quand il n’y a personne sur l’autoroute, ni devant, ni derrière, ni en face pour vous éblouir.
    
    Il a fermé les yeux une demi-seconde. Il les rouvre, s’engueule, se met à chanter, fort, pour bien se réveiller, entendre autre chose que le glissement du pneu sur l’asphalte. Il songe bien à s’arrêter, mais il est maintenant si proche de chez lui...De nouveau ses paupières se ferment... mais cette fois... Il heurte violemment la glissière latérale qui le renvoie sur le petit parapet central, la voiture dessine une boucle, part en tonneau, reste sur le toit, glisse, glisse et percute de nouveau le muret central...
    
    Le noir !
    
    Bruit des sirènes, lumières intermitentes des girophares oranges, près de lui, un girophare bleu qu’il voit vaguement se rapprocher, des sons de voix, des personnes qui courent, il sent qu’on le place sur un brancard, qu’on lui enfonce l’aiguille d’une perfusion...Il n’a pas mal, il voudrait leur dire que tout va bien, que ce n’est rien, qu’il n’a rien... mais aucun son ne franchit ses lèvres...
    
    De nouveau, le noir !
    
    Les murs sont blancs, et rien n’est accroché dessus. À mi-hauteur du mur qui lui fait face, un poste de télé, éteint. À sa droite, un autre lit, vide, entre les deux un petit meuble bas, avec des armatures en fer. Dessus un verre, une ...
    ... bouteille d’eau, un téléphone. De l’autre côté, deux chaises. Vides, elles aussi. Derrière, une fenêtre, avec un store baissé. Ce doit être la nuit. Il ne connaît pas cette chambre, il ne sait absolument pas où il se trouve. Il veut prendre le téléphone... mais s’aperçoit qu’il n’est pas libre de ses mouvements : ses deux bras sont plâtrés jusqu’aux épaules, et se retrouvent étendus devant lui, légèrement écartés, tenant par l’intermédiaire de cordons et de poulies raccrochés à un arc en fer qui fait le tour de son lit. Il sent que ses jambes sont également immobilisées, que son torse est recouvert de bandelettes qui l’enserrent complètement. Quand il baisse légèrement le menton, un des rares mouvements qu’il puisse faire, il sent quelque chose qui le gratte.
    
    Il doit aussi avoir une minerve...Il se rendort.
    
    Quand il se réveille de nouveau, il voit que la pièce est inondée de lumière. Un beau soleil se devine à travers le store dont les lamelles sont espacées. Il sent une main chaude sur son front... l’une des chaises est occupée... Un visage grave, mais où se dessine un très joli sourire quand elle voit que ses yeux sont ouverts.
    
    Sylvie !
    
    Il veut lui parler, mais aucun son ne sort. Il comprend vite qu’il n’a plus que les yeux pour communiquer. Alors il hausse les sourcils... et elle lui raconte ce qu’elle sait.
    
    Au moins il l’entend !
    
    L’autoroute, l’accident... de multiples fractures, de nombreuses contusions, et puis, la perte de la parole. Mais à part cela non, ...
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