1. Le bouclier massaï


    Datte: 29/10/2020, Catégories: ff, frousses, nopéné, Humour sorcelleri, québec, Auteur: Ingyt, Source: Revebebe

    ... énorme cheeseburger. J’appellerai la compagnie de taxi, arrivé au musée, pour qu’ils viennent le récupérer.
    
    Conduire pieds nus c’est pas évident, surtout en écoutant une vieille cassette 8 pistes de la compagnie créole que j’éjectai subito presto avant de mettre le chauffage à fond. Les phares des véhicules qui me suivaient m’éblouissaient, je relevai le rétroviseur en clignant des yeux.
    
    Je réalisai que j’étais à l’hôpital St-Luc loin de chez moi en plus, mais pas tant que ça. Le CB grésilla et j’entendis :
    
    « Christophe ? »
    
    J’hésitai à répondre en prenant le grand boulevard René Lévesque vers l’ouest déjà éclairé par des lumières de Noël multicolores qui me brûlaient les yeux.
    
    —Christophe, t’es là ?
    
    Je pris le micro, mon estomac se plaignit encore.
    
    — Oui !
    —Christophe !
    
    Ah ! le bouton ! J’appuyai dessus.
    
    — Oui !
    
    La voix nasillarde d’une femme me donna une adresse.
    
    — OK ! fis-je simplement en raccrochant.
    —Christophe !
    
    « Jésus-Christ ! » lâchai-je en reprenant le micro.
    
    — Oui !
    —Tu sais où c’est au moins t’as pas de GPS. La dernière fois que t’as été là tu t’es perdu.
    — Oui. Eh non, je veux dire, oui, je sais où c’est !
    —C’est où ?
    
    Gros soupir.
    
    — Sur le plateau par St-Denis.
    —Bien ! T’as une drôle de voix.
    — La grippe. Hehe ! Hehe ! Hehe…
    
    Friture…
    
    —Christo…
    
    Je fermai ce damné CB mais en le faisant je poussai la maudite cassette 8 pistes… Je grimaçai en la retirant complètement cette fois pour la jeter sur le siège ...
    ... arrière.
    
    En passant devant un McDonald, je me mis à saliver comme loup qui n’avait rien mangé de l’hiver. Moi qui déteste ces damnées boîtes à fric où l’on ne sert que du préfabriqué qui goûte le plastique. Mais je ne pus y résister.
    
    Malheureusement, le fast-food se trouvait de l’autre côté du boulevard. Sans réfléchir, je donnai un furieux coup de volant pour couper par le terre-plein, ma tête heurta le toit, de la petite monnaie, sortie de je ne sais où sembla flotter en suspension dans l’air un moment avant de s’éparpiller tout partout. La vieille bagnole se plaignit à m’en écorcher les tympans puis je coupai plusieurs véhicules qui s’en venaient en sens inverse et qui me klaxonnèrent furieusement pour enfin entrer dans le stationnement vers le service à l’auto.« Fermé temporairement » indiquait une affiche. Merde !
    
    Une fois à l’intérieur, je passai quasiment inaperçu habillé en médecin, pieds nus avec une étiquette à l’orteil et probablement une face à faire peur. Je réussis à passer ma commande sans que personne ne crie « c’est le monsieur mort qui habite avec la vedette, Marie Lemieux ». La jeune serveuse me regarda comme elle devait regarder les itinérants et les malades mentaux qui venaient s’acheter un bon café chaud, c’est à dire avec indifférence. Je payai en vingt-cinq sous trouvés dans le taxi et y retournai pour manger mes troisbig, big, big sans goût en calant un immense verre d’eau gazeuse trop sucrée.
    
    En roulant vers la montagne, mon estomac calmé, ...