Visite nocturne - Histoires de Sexe

Visite nocturne

... soie lui rappelait celle de la peau de la jeune fille. Dire qu’il avait failli la posséder ! Comment n’avait-il pas remarqué ce maudit policier dès le début ?

Il ferma les yeux pour ne se souvenir que de sa bien-aimée. Il revoyait le jeune corps alangui par le sort qu’il lui avait jeté. Il revoyait les seins ronds comme des pommes, les cuisses blanches, la fente sombre et humide où ses doigts s’étaient aventurés. Le corps de Claire était maintenant celui d’une femme très désirable. La bouche d’Olivier baisa la rose de soie. Il la replongea aussitôt après dans la poche de sa veste. Il venait d’avoir une idée pour reprendre la jeune fille et il sourit, pensant à tous les délices qu’il partagerait bientôt avec elle.

Marthe le retrouva ainsi plongé dans une rêverie dont seul le bruit du plateau de bois heurtant le marbre de la table volante du salon le sortit. Il prit le verre de gentiane que sa marraine lui tendait, le vida d’un trait avant de le reposer et de saisir l’anse de la tasse de tisane. Il voulut boire mais ne put qu’y tremper les lèvres tant la décoction était brûlante. Il reposa la tasse avec agacement et, s’efforçant de surmonter son dépit, il remercia Marthe et l’invita à s’asseoir près de lui. Mais, sourde à ses paroles, la sorcière resta debout.

— Tu as échoué, n’est-ce pas ? interrogea la vieille femme en fixant Desgranges avec inquiétude.
— Pas tout à fait. Je pense même que j’ai réussi là où vous aviez le plus de crainte.
— Que veux-tu dire ?
— ...

... J’ai affaibli mon rival.
— Quoi ? Tu l’as blessé ?
— Oui. Je n’ai pas pu le tuer. Une force m’en a empêché, comme un aimant repousse un autre aimant. Mais j’ai pu le toucher. Et j’ai bu son sang qui a perlé sur le poignard que j’ai destiné à sa perte. Je l’ai même ajouté à la potion que j’ai prise avec Claire.
— Tu es fou ! Je t’avais interdit de l’approcher. Le blesser est la pire chose que tu pouvais faire. Nous ne savons rien des pouvoirs que peut avoir cet homme et tu as pris le risque de l’associer à tes noces magiques ? Vraiment… tu es inconscient !
— Je ne crois pas. J’ai évité ainsi le pire.
— Le pire ? Tu n’as pas réussi à posséder la fille de mon ennemie. Alors le pire, tu l’as déjà mon enfant. Tu as échoué dans une entreprise que j’ai mis des années à construire, à façonner. Tu avais tous les éléments pour réussir. Tous : le moment le plus favorable pour notre magie, le moment le plus favorable pour enfanter, le moment opportun pour que la jeune fille s’abandonne au plaisir sensuel sans que tu la forces. Et tu as manqué cette mission qui devait mettre ce village définitivement sous notre pouvoir. Te rends-tu compte seulement de ce que cela signifie ? Et pour toi, et pour moi et pour nos ennemis ?
— Nous avons toujours pouvoir sur Saint-Amant Roche Savine.
— Pour le moment, mais… La chance a tourné, je le sais déjà, et la magie blanche reprendra ses droits à cause de ton échec.
— Vous délirez ! Quel Savinois pratique la magie à part nous ? Personne. Et encore ...