1. À poil !


    Datte: 12/10/2020, Catégories: fh, Collègues / Travail forêt, pénétratio, Humour policier, aventure, nature, Auteur: Mirthrandir, Source: Revebebe

    ... voix est plus aigüe, plus angoissée, ce qui me fait ricaner dans ma barbe.
    
    — Robert ! Ce n’est pas drôle ! Répondez-moi, je sais que vous êtes là !
    
    Je suis en train de goûter cet instant de basse vengeance. Toutes les rebuffades subies depuis les quelques mois qui ont suivi son arrivée à l’agence, son égoïsme et son mépris, me reviennent en mémoire. Qu’elle vive quelques instants d’humilité ne peut lui faire de tort.
    
    — Robert ! Espèce de salaud !
    
    J’entends sa voix qui se brise. Elle est au bord des larmes. Soudain, je me redresse, en proie à la douleur.
    
    — Merde ! Merde et remerde.
    
    Les exclamations m’ont échappé. Je me suis assis sur un nid de fourmis !
    
    — Robert ? Vous êtes là ? Mais qu’est-ce que vous foutez ? Vous ne pouvez pas répondre ?
    — Je me suis assis sur un nid de fourmis.
    
    Je l’entends qui s’approche de moi.
    
    — C’est bien fait ! dit-elle. Vous avez essayé de me faire peur. Vous êtes le dernier des salauds !
    — Vous vous répétez, dis-je en me remettant en marche. Suivez de plus près, si vous ne voulez pas rester en carafe.
    
    Elle ne dit rien, mais je l’entends qui marche derrière moi. Nous avançons encore de longues minutes, à l’aveuglette, puis je m’arrête, et je sens son corps nu buter contre mon dos.
    
    — Ça vous ferait mal de prévenir quand vous vous arrêtez ?
    — Excusez-moi.
    — Vous croyez que ça sert à quelque chose de s’esquinter dans le noir ?
    — Je fais ce que je peux. Si vous n’êtes pas contente…
    
    Mais j’interromps ma phrase et ...
    ... ravale mon venin.
    
    — Vous pouvez me donner la main, si vous voulez, dis-je.
    
    Elle ne dit rien, mais sa main trouve mon bras dans l’obscurité, puis s’accroche à mes doigts. Je me remets en marche, tirant Geneviève derrière moi. Sa main est glacée. Lorsque nous nous arrêtons, je peux sentir les grelottements qui traversent son corps jusque dans ses doigts. La nuit est trop fraîche, il nous faudrait un abri, ou de quoi nous vêtir.
    
    — Rien à faire, dis-je. Il faut attendre le jour pour y voir quelque chose.
    
    Je cherche un emplacement aux alentours pour y passer la nuit. Je me rappelle que les grands singes se confectionnent une litière de feuillages à cet effet. Je dis à Geneviève de ne pas bouger pendant que je vais arracher quelques branches aux arbres environnants. Dans l’obscurité, elle m’aide à aménager un abri, dans un creux de buissons. Nous étalons des feuillages sur le sol, après que je me sois copieusement écorché les paumes à arracher un entrelacs de ronces et d’orties et à disposer des branches feuillues tout autour de notre abri.
    
    Nous nous recroquevillons sur notre lit de feuilles, en chien de fusil, le dos tourné l’un à l’autre. Geneviève essaie d’abord d’éviter tout contact de son dos avec le mien, mais la fraîcheur de l’air et l’étroitesse de notre couche l’incite à se rapprocher de moi. Finalement, nos fesses se touchent et restent en contact. Nous sommes trop meurtris pour y trouver malice. Geneviève grelotte. Je sens dans mes reins les frissons qui ...
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