Dans le noir (8)
Datte: 04/10/2020,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... gaucherie. Il se redresse et il est largement plus grand que moi. Finalement sans cet œuf barbouillé partout, il n’est pas si mal. Et quelque chose s’allume en moi. Pas une envie de lui, non, juste une idée qui commence à se frayer un chemin dans ce cerveau qui reste paralysé par le fou rire qui prend fin.
— Attendez !
Et c’est moi qui sors un Kleenex de mon sac. J’essuie du mieux possible le front de l’individu qui me regarde. Il porte une paire de lunettes aux verres aussi épais que des culs de bouteille. Il redevient écarlate alors que ma petite main frotte le mouchoir jetable. Une autre cliente passe devant nous, avec un air bizarre. Puis une des femmes de ménage du magasin arrive pour passer la serpillère et il se confond encore en excuses. C’est là que se tournant vers moi, il me parle.
— Je m’appelle Norbert et je suis vraiment désolé pour…
Sa main s’est tendue vers ce qui nous entoure. La nettoyeuse a déjà presque fait disparaitre les reliefs de l’œuf. Lui me tend dans un geste machinal la main. J’attrape celle-là et je la serre. Finalement sa patte est très chaude, pas moite, juste bouillante.
— Pour me faire pardonner, je vous invite à prendre un verre ?
Le magasin, une sorte de mini marché couvert où plusieurs petits producteurs vendent leurs produits, est doté d’une sorte de bar rudimentaire. Instinctivement, je suis ce dénommé Norbert. Il a quelque chose de touchant. Quoi ? Je n’en sais fichtrement rien. Mais c’est terriblement troublant. Et le ...
... type qui semble être le barman nous apostrophe.
— Et pour ces messieurs-dame ? Ce sera quoi ?
— Euh… vous avez du café…
— Bien sûr ma petite dame. Alors un café et pour Monsieur ?
— … ben… la même chose alors !
— C’est parti ! Deux cafés donc ! Sucre ou non ?
— Non pas pour moi.
— Moi non plus merci.
Norbert au fil des minutes reprend son calme et se montre un garçon charmant. Je ne dirais pas qu’il est attirant, non, c’est autre chose. Et puis, il y a cette incroyable idée qui se fait jour sans que je ne sache trop pourquoi. Ce type avec ses quarante piges pourrait, serait le candidat idéal. Je ne serai jamais amoureuse de ce gars, mais il me fait rire. Il est sur une autre planète et quelque part est tout simplement inoffensif pour notre couple. Et pendant que nous dissertons sur les raisons de nos présences ici, ma tête imagine un véritable scénario hollywoodien.
Puis les confidences se font plus intimes et nous parlons de nos vies. De ce qui nous attache à celle-ci et je parle de toi. Il écoute avec des billes toutes rondes. Il garde la bouche ouverte, avalant mes paroles comme s’il buvait du petit lait. Et je crois qu’il t’envie quelque part. J’en suis de plus en plus persuadée, surtout lorsque d’une voix quelque peu rocailleuse il me lance :
— Il a bien de la chance votre mari. Moi les seules femmes que j’ai côtoyées jusqu’ici n’en voulaient qu’au peu d’argent que ma famille m’a légué.
— Vous êtes donc si riche, que ça donne des envies ...