1. Brèves de blog et autres histoires du temps


    Datte: 27/09/2020, Catégories: lettre, conte, fantastiqu, Auteur: Le Kawjer, Source: Revebebe

    ... l’échine devant lui. Sa mère l’avait obligée à lui servir des friandises et du carcadet. Il l’avait observée attentivement, lui caressant les joues de ses doigts encore collants de baklava, tantôt riant, tantôt grave. Tous semblaient satisfaits lorsqu’il prit congé.
    
    Tard dans la nuit, sa mère était venue la réveiller, pour lui parler de la vie, de la femme, du mariage et des paroles saintes écrites dans le Saint Livre, qui donnent à la femme sa place dans la société, et que l’on doit respecter. Fatheya n’avait pas compris grand-chose sinon qu’on allait marier quelqu’un. Dans les jours qui suivirent, les choses se précisèrent et elle comprit enfin qu’il s’agissait de son propre mariage. Et puis quelques jours plus tard finalement on lui annonça que son fiancé était Si Ahmed Bey, et toutes les femmes de la maison, mains en auvent sur la lèvre supérieure, firent entendre les « youyou » de la fête. Tous la félicitait pour ce beau parti, on lui vantait les mérites de son « ariss », ses richesses, sa maison.
    
    La veille du jour des noces, les matrones étaient venues à la maison, elles avaient chassé toutes traces de mâles à 1 kilomètre à la ronde, tendu de lourds tissus devant les fenêtres. On avait appelé Fatheya, on avait encore entonné des «youyou », c’était joyeux, Fatheya souriait. Puis on l’avait mise nue, allongée sur un drap blanc. Les matrones riaient en regardant son sexe : « eh ! bien on aura peu de travail, elle n’est pas poilue », puis par touches successive on ...
    ... avait appliqué une pâte de caramel chaud sur son intimité exposée, et arraché ses quelques poils, malgré ses cris de douleur et de refus. On répéta l’opération sur ses aisselles, ses cuisses, sa jambe et même son dos. Les femmes expertes la manipulaient sans ménagement. Lorsque le travail fut achevé, on la massa doucement avec du lait d’amande douce parfumé et des huiles odorantes. Les commentaires allaient bon train, on la touchait, on comparait, on vérifiait :
    
    — Elle a de bonnes hanches elle fera de beaux enfants
    — Ses tétons sont souples, parfait pour allaiter
    — Elle est bien vierge et son kouss est agréable
    
    On lui coiffa ses cheveux, on la maquilla avec soin. Elle passa sa dernière nuit sous la garde de sa mère
    
    Le matin du mariage, on la revêtit de belles étoffes, la frange de sa coiffe retombait sur son visage, le cachant intégralement. À l’extérieur de la maison, attendait le chariot envoyé par Si Ahmed, avec en exposition les cadeaux du mariage. Tout le village suivit le cortège jusqu’à la demeure de Si Ahmed. Des joueurs de tambour précédaient la procession.
    
    Fatheya ne se souvient plus de ce qui s’est passé après qu’elle fut entrée dans la maison de son époux, ni du Mazoum qui enregistra son accord, ni de la chambre des femmes où elle passa l’après-midi à manger des douceurs en écoutant les chansons d’Oum Koulsoum. Sa vie s’est achevée vers 20 heures lorsque la farandole des femmes la porta vers la chambre nuptiale, qu’on lui remit sa chemise de nuit, que ...
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