1. Les deux veuves


    Datte: 15/09/2020, Catégories: f, fh, fhh, hplusag, fplusag, couple, extracon, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init, Auteur: Jeff, Source: Revebebe

    ... visage de Mathilde et se perdait dans ses yeux gris-bleu, soulignés d’un simple trait de crayon. Quand elle reprenait pour la troisième ou quatrième fois une même explication, il restait suspendu à ses lèvres rouge vif, assorti à celui des ongles et qui en relevait la finesse, faisant ressortir la blancheur d’une petite dentition régulière.
    
    Il appréciait alors son geste machinal de se frotter le bout du nez légèrement pointu avec ses doigts. Elle les appuyait suffisamment fort pour en faire craquer légèrement le cartilage, et elle le faisait tourner lentement. Quand elle effectuait ce petit geste, signe d’une forte concentration, elle répandait autour d’elle la senteur d’un capiteux et onéreux parfum qu’Eugène, au début, trouvait entêtant.
    
    Durant toutes ces heures passées à se pencher sur l’aridité du langage administratif, Eugène avait dû admettre plus tard que le geste le plus féminin de Mathilde, celui qui lui avait réellement mis le cœur à l’envers, avait été sa façon de se délasser. Quand ils étaient enfin sur le point de clore une longue et pénible séance d’explication d’un texte issu de la nébuleuse européenne, Mathilde s’étirait. Elle entremêlait ses doigts fins dans sa longue chevelure noir jais, souvent retenue par une grosse pince en corne, et balançait son dos contre son fauteuil en faisant saillir sa poitrine.
    
    Pendant un certain temps encore, il avait refusé de s’avouer son admiration béate pour Mathilde, tentant de se raisonner sur leur différence ...
    ... d’âge, et se moquant de lui-même. C’est à ce moment-là d’ailleurs qu’il avait réellement pris conscience de la transformation qui s’était opérée en lui. De la poussée irrésistible de ce sentiment qui l’animait et qu’il tentait vainement d’étouffer. Avant leurs rencontres, dès qu’il poussait la porte de son bureau, il avait la peau moite, le cœur qui se mettait à battre la chamade. Quant leurs séances de travail approchaient de la fin, il faisait exprès de ne plus comprendre ou bien son regard devenait vague et il ne l’écoutait plus. Il cherchait toujours un prétexte pour prolonger leurs rencontres et trouvait toujours un nouveau texte à se faire expliquer. Et pourtant, il continuait à se taire. Et puis, le malheur d’Eugène s’était accru à cause des nouvelles responsabilités qui lui incombaient. D’administrateur de la coopérative, il avait été chargé de suivre quelques négociations à Bruxelles. Et il s’était fait accompagner par Mathilde.
    
    La première fois qu’ils avaient pris le train, ils avaient voyagé côte à côte.
    
    Ils avaient profité du voyage pour peaufiner le dossier, mais la promiscuité des sièges avait énervé Eugène. Le roulis du train, les tressautements des voies avaient souvent poussé sa cuisse contre celle de Mathilde et son bras contre le sien. À travers ses vêtements, il avait senti irradier sa chaleur qui avait jeté le trouble dans tout son être. Il lui avait fallu plus de temps que d’habitude pour se concentrer sur le travail. Au retour, ils avaient été face à ...
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