1. Les deux veuves


    Datte: 15/09/2020, Catégories: f, fh, fhh, hplusag, fplusag, couple, extracon, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init, Auteur: Jeff, Source: Revebebe

    ... Alors, pourquoi êtes-vous ici ?
    
    Cette question, que j’attendais, me déroutait pourtant par sa rapidité et son ton abrupt. Leur avouer la simple curiosité qui m’animait, l’ennui qui me submergeait ne me semblait pas réellement opportun. Alors, je tentais de tergiverser :
    
    — J’admire le calme qui règne ici et, quand j’ai vu votre chagrin, j’en ai été ému…
    — C’est sympathique à vous, m’interrompt la plus jeune. Mais nous ne nous sommes pas présentés. Voici Alice, la femme d’Eugène.
    — Elle, c’est Mathilde, la maîtresse d’Eugène, complète rapidement Alice.
    
    Et toutes les deux s’échangeaient un regard d’une grande tendresse mêlée de connivence, se prenant les mains de leurs doigts entrelacés.
    
    Devant cette révélation, je restais silencieux et pantois. Quelle autre attitude aurais-je pu adopter face à cette complicité, à cette tendre complicité devrais-je préciser, qui unissait ces deux femmes alors qu’elles auraient pourtant dû se déchirer, se haïr ? Intrigué, piqué au vif dans mon imagination et dans ma curiosité, je n’osais pourtant les interroger pour connaître leur histoire, car je pressentais qu’elles allaient me la conter.
    
    Et c’est Alice, d’une voix ferme, qui entama l’étrange histoire du « trio de la montagne », car c’est ainsi qu’ils étaient connus et dénommés par les gens du coin (avec, bien sûr, une pointe de dédain).
    
    Oui, Eugène, Alice et Mathilde formaient un trio dans un monde où le couple est encore une chose sacrée, le mariage vénéré et les relations ...
    ... extra-conjugales montrées du doigt pour alimenter les conversations des soirées d’hiver.
    
    D’abord, Eugène et Alice avaient formé durant plus de trente ans un couple heureux et sans histoires. Le seul malheur - et regret - avait été pour eux de ne pas avoir d’enfant pour lui céder les terres, la ferme et lui transmettre le nom. Et puis, un jour, il y avait presque six ans déjà, Alice avait découvert son infortune. Ô ! Sans rechercher la vérité sur les nombreuses absences de son Eugène ! Non, seulement par inadvertance. Eugène avait été étourdi : il avait oublié une lettre dans la poche de son lourd manteau d’hiver de paysan des montagnes. La lettre était rédigée à la plume et à l’encre violette, d’une écriture fine et serrée. Une écriture de jeunette, avait estimé Alice qui s’était assise sur le bord du haut lit conjugal, et qui avait peiné à déchiffrer les lettres, identifiant les pleins et les déliés et reformant les mots au fil de sa lecture. Car Alice avait toujours eu du mal avec la lecture, l’écriture et les chiffres. Comme de nombreuses femmes de sa génération, elle n’avait guère fréquenté l’école et elle passait - avouait-elle en baissant la voix - autant de temps à lire le journal qu’à le remonter du village d’en bas.
    
    Ce qu’elle avait lu l’avait horrifiée. Et la fin de la lettre avait été encore plus difficile à lire et à comprendre parce que ses yeux s’étaient inondés de larmes qui coulaient sur le beau papier, faisant de larges taches qui diluaient l’encre des ...
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