LEXI 5 suite : la langue de Hamza
Datte: 02/09/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Lexi Logos, Source: Hds
La vie du camp est routinière entre gardes et nomadisations. Les gardes on s’emmer… et les nomadisations, on à la trique sans pouvoir se soulager faute d’intimité !
L’arrivée de David, et des perspectives sexuelles qu’il m’offre, rend le quotidien encore plus insupportable. Nuit et jour, je pense à sa teub. Nous dormons dans le même toukoul mais la proximité des autochtones ne permet pas de se laisser aller comme je le souhaiterai !
Finalement, lors d’une nomadisation, je saisi la nécessité d’une reconnaissance sur un campement dissident dont nous avons ordre de rencontrer le chef aux fins de palabres pour n’emmener que David et un goumier local prénommé Hamza. Le choix de ce dernier ne doit rien au hasard. A de nombreuses reprises, il a attiré mon attention avec son regard de biche, ses traits fins et sa tendance à laisser ses doigts vous caresser la main ou le bras à la moindre occasion. Au trio, j’adjoinds mon chien « Grosspir » (ne me demandez pas pourquoi, j’en ai hérité ainsi à mon arrivée !).
Notre escapade est programmée sur deux jours. Pour l’occasion, nous employons un VLRA, petit camion tout terrain, insubmersible dans le désert. Après trois heures de piste, de sable et de navigation aux instruments, nous dénichons notre objectif. Il s’ensuit de logues heures de discussions avec le chef du campement. Nous parlons de tout, de rien, surtout pas de l’essentiel. Nous nous jaugeons, nous écoutons les silences de l’autre dans lesquelles se trouvent les réponses ...
... que je dois rapporter à ma hiérarchie. Nous déjeunons chichement, comme toujours dans le désert. Finalement, il m’offre un café « maison ». Pendant que les grains grillent sur la plaque d’acier, il finit par lâcher l’essentiel de l’info dont j’ai besoin : la raison profonde de son mécontentement envers les Français. Il exprime un des cas de figures pour lesquels j’avais été briefé. Je savais quoi dire et jusqu’où aller pour le rassurer et, ce faisant, préparer les conditions de son retour dans le giron tricolore.
Nous reprenons la piste. Après une heure de conduite, nous installons notre campement, dans l’arrondi d’un talweg, juste sous la ligne de crête. L’endroit idéal pour observer les environs sans s’exposer inutilement aux regards. La nuit tombe vite, en moins de 10 minutes, nous nous retrouvons dans le noir. Nous n’utilisons aps de lampe. Habitué à vivre ainsi, notre vue à tôt fait de s’adapter à l’obscurité qui rapidement devient moins instance.
Nous sommes installés cote à cote David à ma droite, Hamza à ma gauche et Grosspir le chien gambadant autour de nous.
Le rôle de Grosspir est simple : avertir d’une présence étrangère, difficilement décelable pour l’être humain la nuit mais immanquable pour un chien comme lui. En effet, dans le désert, il y a toujours quelqu’un … et souvent là où on ne l’attend pas !
David, Hamza et moi, discutons de tout et de rien. Hamza prend part à la conversation, ce qui est relativement rare entre cadres blancs et autochtone, ...