1. Mad (8)


    Datte: 23/08/2020, Catégories: Trash, Auteur: Nkari, Source: Xstory

    Chapitre 8 : En marche vers l’enfer
    
    Réfugié dans un coin de son salon, Aymeric jette un regard humide sur son téléphone qui sonne une nouvelle fois sur sa table basse. C’est Gaëlle ; elle est la seule à qui il a donné son nouveau numéro. Voilà deux jours qu’elle insiste, mais Aymeric est incapable de lui parler. Que lui dirait-il, de toute façon ? « Je suis un monstre. Je t’ai trompée de nombreuses fois. J’ai failli te tuer... toi et un autre type. »
    
    Dans sa main, une lame qui lui est cette fois destinée. Ça fait des heures qu’il cherche le courage de s’ouvrir les veines et de laisser s’écouler le flot sanguin. Il ne supporte pas ce qu’il est devenu. Il ne supporte pas ce qu’il a perdu. Autant en finir, limiter les frais. Ce n’est pourtant pas si compliqué ; le geste est si simple... Pourquoi a-t-il donc autant de mal à le faire ? La lame tombe au sol. Finalement, quelque chose en lui tient encore à la vie. Aymeric fond en larmes ; l’enfer va donc continuer.
    
    Il est censé travailler aujourd’hui. L’heure approche, alors il se prépare doucement. Il risque sa place s’il manque encore un jour de boulot. Aymeric le sait, mais ce n’est pas pour ça qu’il y va. Il se contente juste de suivre le programme comme un automate, aussi vide à l’intérieur qu’un pantin. Toute la journée, il agit comme il est censé agir, et mime des sentiments auprès de ses collègues. Chaque sourire est une illusion, chaque rire un mensonge. Aymeric n’a plus goût à rien, il se contente de jouer le ...
    ... rôle qu’on lui a attribué.
    
    Gaëlle a profité d’une pause dans son emploi du temps pour venir directement voir Aymeric à son magasin. La voilà, plantée devant lui, les yeux écarquillés d’inquiétude. Aymeric est pris de remords à cause du souci qu’il provoque. Il la prend dans ses bras pour la rassurer. Il l’embrasse aussi, et pour la première fois de la journée, il ressent vraiment quelque chose, se rappelle qu’il est toujours vivant.
    
    — Je suis désolé, lui murmure-t-il à l’oreille.
    
    — Ça va, ce n’est rien. Tant que tu es près de moi, je me sens mieux. Pourquoi tu ne me répondais pas ? J’ai eu la frayeur de ma vie. J’ai cru que tu avais fait une bêtise. Tu avais l’air tellement déboussolé la dernière fois que...
    
    — Je vais bien, la coupe-t-il un peu trop brusquement. J’avais juste besoin de réfléchir un peu.
    
    — Je ne sais pas ce qui t’arrive, mais sache que je suis prête à entendre tout ce que tu pourras me dire. Je serai toujours là pour toi.
    
    Il ne répond rien et se contente de la serrer dans ses bras. Si seulement ça pouvait être si simple... Il n’a pas envie d’encore lui mentir, de lui dire qu’il va bien. Il ne se sent pas non plus capable de lui expliquer ce qu’il a vécu. Serait-elle capable de comprendre ? Elle serait plutôt effrayée et finirait par le fuir. Il ne connaît qu’une personne au monde qui serait capable de l’entendre, de le comprendre.
    
    — Viens à la maison ce soir. Je ne veux pas que tu restes seul. On en parlera si tu veux.
    
    — D’accord, ...
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