1. Le miroir de Claude (1)


    Datte: 18/08/2020, Catégories: Transexuels Auteur: Miss Arthur, Source: Xstory

    ... protection que ces derniers auraient offerte à ces êtres contre la violence des villageois à leur encontre. Le miroir permet selon elle des transformations de nature transgressive pour les humains. Il s’appelle treuzfurmadur melezour, littéralement le miroir de la transformation en breton.
    
    12 novembre 1905 :
    
    J’ai essayé le miroir : j’en suis très heureux. L’effet est immédiat et merveilleux. Tout semble parfait dans la transformation du corps. Je ne suis pas resté trop longtemps et ai inversé rapidement le processus, la curiosité étant contrebalancée par la peur et la puissance de l’objet.
    
    13 novembre 1905 :
    
    Je viens de réessayer, cela marche parfaitement et la réversibilité semble parfaite même après quelques heures. Cela me donne des idées d’exploration de nouvelle vie. Il faut que je trouve des vêtements adéquats.
    
    Délaissant ma lecture pourtant passionnante pour attiser le feu dans la cheminée, je revins vers on fauteuil pour la reprendre. Je ne retrouvai pas la page où j’en étais, mais tombais sur la dernière page de ce carnet qui mentionnait :
    
    Les formules de transformation se prononcent en breton et sont :
    
    — pour l’aller : treuzfurmadur melezour, lakaat am en maouez.
    
    — et pour le retour : treuzfurmadur melezour, lakaat am en gwaz.
    
    Elles ne fonctionnent que pour notre lignée.
    
    J’avais donc le mode opératoire ! Cela dit, je n’avais pas exactement saisi la nature de la transformation (mais vous, lecteurs et lectrices averti·es l’avez sans doute ...
    ... anticipé !). J’étais partagé dans un mélange de curiosité et d’appréhension d’essayer ces formules sur le miroir. De plus, étais-je bien de cette lignée ?
    
    La curiosité l’emporta et je décidai de me jeter à l’eau. Je me mis debout devant le miroir et prononçai les mots de la formule pour l’aller. Je ne perdis pas connaissance, mais l’espace d’un instant, j’eus comme un malaise et ne voyais plus rien du tout. Tout revint cependant très vite et là, oh stupeur et mystère, le miroir me renvoya l’image d’une femme me ressemblant beaucoup. Je mis mes mains sur mon visage, le miroir suivait mes mouvements. J’avais maintenant bien des cheveux longs... des seins dont je sentais la présence sous mes vêtements d’hommes. Je descendis mes mains vers mon bas-ventre pour constater que sous mon pantalon, il y avait plus d’espace qu’avant et que je devais bien être devenu une femme.
    
    Je comprenais mieux désormais les sous-entendus du journal de mon aïeul. Ou devrais-je dire mon aïeule, en fait mon aïeul·e en écriture inclusive ! Je n’avais pas prêté trop attention à cet apparent changement de genre de l’extrait suivant du journal :
    
    17 novembre 1905 :
    
    Je suis allé voir mon ami Yvon qui est veuf depuis l’année dernière. J’ai récupéré des vêtements chez lui. En rentrant à la maison, je me suis déshabillé et ai utilisé le miroir. Les vêtements me vont bien et je suis allée me promener en forêt ainsi vêtue, quel bonheur !
    
    Le récit du journal commençait bien avec un narrateur masculin ...