30 janvier 2048 - Histoires de Sexe

30 janvier 2048

Résumé du premier épisode : un journaliste spécialisé se fait aborder par une société secrète dirigée par un homme charismatique.

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Elle ouvre la portière arrière de la seconde berline et m’invite à monter. Du premier véhicule s’extrait un homme aux cheveux grisonnants.

— Donnez à Charles votre transpondeur, il va s’occuper de rendre votre voiture.

Je suis mélangé entre une violente fureur – me faire piéger si facilement – et la curiosité de rencontrer ce fameux personnage digne d’un Howard Hughes ; je m’installe à l’arrière de la berline.

Je me retrouve à côté d’une petite personne, sèche, à la peau burinée et légèrement tavelée, totalement chauve, mais aux yeux d’un bleu translucide d’une mobilité stupéfiante. Difficile de lui donner un âge ; tout dans son être respire l’intelligence et la vivacité d’esprit. Le véhicule roule à vive allure sur la rocade et nous n’avons pas engagé la conversation, à part les salutations d’usage.

— Comme vous deviez rentrer à Paris et que vous vouliez me voir, je me suis invité pour le voyage. Cela nous laissera une bonne heure pour discuter.

Devant mon mutisme et ma mine renfrognée, il continue :

— Je sais ce que vous ressentez : manipulation, contrainte ; vous connaissez tout ça sur le bout des doigts. Vous pensiez être à l’abri de ce genre de situation ?
— Me faire avoir comme un collégien, je ne pensais pas que ça m’arriverait ; et en plus, avec le piège le plus vieux au monde…
— Ne vous ...

... méprenez pas !

Son ton jusque-là doux et mesuré devient cassant, et ses yeux limpides d’un bleu profond.

— Claire fait partie occasionnellement de mon organisation ; je lui avais demandé de vous évaluer, mais en aucun cas de coucher avec vous. C’est de sa responsabilité.

Cet accès de colère – s’il n’est pas feint – me connecte à la réalité : je suis en face d’un homme puissant à qui on ne refuse rien.

Les véhicules s’engagent direction Blagnac ; l’aéroport se découpe dans la brume matinale. Sur le tarmac, côté privé, unLearjet nous attend. Mes bagages sont transférés dans la soute et nous sommes invités par le commandant à monter à bord. L’intérieur est spartiate ; quelques sièges et un coin bureau. Nous nous installons face à face ; je remarque un dossier volumineux posé entre nous.

— J’ai bien aimé la façon dont vous avez traité la rencontre avec ma petite-fille ; vous avez dû faire du rugby dans votre jeunesse pour pratiquer si bien le contre-pied. On en retrouve d’ailleurs beaucoup de traces dans votre dossier.

Je n’ai pas le temps de réagir ; il reprend :

— Sachez que je veux tout connaître de la personne avec qui je risque de travailler. Vous êtes quelqu’un de brillant : bac à 15 ans, major de Supélec à 18, votre route était toute tracée ; et là, premier crochet dans votre vie, vous passez le concours de l’ESM sans préparation. Vous rentrez dans la promotion 213, général de la Bollardière. Vous ne sortez que second de la promotion. Toutes les carrières ...