1. Cinéma, cinémas...


    Datte: 09/08/2020, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: Sherab, Source: Hds

    J’ai souvent imaginé que la salle 14 du Complexe CGR pouvait être un lieu de rendez-vous coquins. Située tout au bout d’un long couloir qui s’assombrit quand on le parcourt, les hasards de la programmation font de cette salle la réserve des navets du mois ou des films élitistes ayant plutôt leur place dans les salles « d’art et d’essai », pour peu qu’il en existe encore une dans notre bonne cité provinciale. Cette salle, peu visitée, manque vraiment de confort, les sièges sont en ruine et le son grésille souvent par intermittence.
    
    La tentation est grande pour moi d’y oser un coup de drague sauvage, comme ça, juste pour voir, sans me soucier de l’affiche du jour. Je calcule que la séance de 11 heure, juste avant le déjeuner, pourrait éventuellement attirer quelques libidineux-ses complices. Disponible toute la semaine, je décide d’y établir mon campement durant six jours et de soumettre ma théorie plutôt hasardeuse à l’épreuve des faits.
    
    Programmation de ce lundi : Love Addict de Franck Bellocq avec Kev Adams…
    
    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’à l’annonce de cette comédie « à la française », les fans de Kev Adams ne sont pas accourus en rangs serrés dans la salle 14. Ce lundi matin, seuls s’y sont posés, un couple de retraités au beau milieu, un quadragénaire dans la pénombre du premier rang en haut à droite et une silhouette indéterminée à l’opposé, sur la partie gauche. C’est tout pour l’instant. Je tente d’identifier l’indéfinissable personnage en m’installant ...
    ... au bout de sa rangée, à une dizaine de sièges de lui, ou d’elle. Une fois assis, mes yeux s’habituant au manque d’éclairage, je balaye du regard alentour et remarque plus nettement à ma gauche un trench beige, style Burberry, enveloppant une brune aux cheveux très courts. Trop éloigné pour estimer l’âge de cette personne, je valide l’élégance de l’ensemble, et ce, de la tête aux pieds. Je m’étonne quand même un peu que la dame garde son imper alors que les prévisions météo, au moins dans la salle, n’annonce rien d’inquiétant dans l’heure.
    
    Deux ados mâles font une entrée bruyante au moment même où démarre la séquence de spots publicitaires, soutenue par une sono au bord de l’apoplexie. Les garçons vont se poser au milieu de la partie gauche à cinq ou six rangs de moi.
    
    - Excusez-moi, Monsieur, m’interpelle soudain une voix chantante.
    
    Une femme, à la quarantaine blonde et bouclée, me demande de la laisser passer pour s’installer sur ma rangée. Je me lève promptement, elle se glisse de face, entre moi et le dossier du rang suivant, en s’excusant encore. Nos corps se frôlent et mon nez me dit « Gucci Bloom … Comme une balade au cœur d'un jardin luxuriant ». Elle est plutôt petite et enrobée, très souriante. Au lieu de se placer à mi-chemin entre moi et l’autre personne, elle se cale au plus près de ma voisine qui n’a pas bougé d’un sourcil, sans pour autant manifester quoi que ce soit laissant penser qu’elles se connaissent déjà. Avant de s’asseoir, elle enlève sa doudoune ...
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