Belladone, aux vénéneuses séductions ! - Histoires de Sexe

Belladone, aux vénéneuses séductions !

... croisé ton regard. Je ne savais rien alors, mais immédiatement il m’a profondément ébranlé.

Bougonne, elle rétorque :

— Admets qu’il m’a fallu te mettre les points sur les « i ».
— Je t’ai reconnue dès le premier instant. Ignorant toutefois qu’Adèle avait eu une enfant, je n’ai pu t’agréer consciemment. L’instinct et le cœur du vieil ours ont, d’intuition, aussitôt compris ce que démentait son indigente raison.
— Hum… grogne-t-elle avec une incrédulité à nouveau renforcée. Et maman, pourquoi l’as-tu délaissée ?
— En raison d’un terrible aveuglement que je peux expliquer à défaut de m’en disculper. Toi, cependant, souhaites-tu ajouter de la détresse à une histoire qui en accumule bien assez ? Je veux, moi, que tu sois ma fille pour le meilleur et le pire, et comme en ce second registre nous avons déjà largement contribué, contentons-nous d’alimenter le premier.

Ils se jettent enfin dans les bras l’un de l’autre. Dès lors, le délire s’empare des convives. Certains applaudissent, d’autres poussent des hourras ; la Rose, submergée d’émotion, pleure dans sa bière avant de s’appliquer à régaler la clientèle en prévenant qu’elle offre la tournée suivante. Père et fille s’installent à une table en retrait et entament d’interminables confidences. Gégé promet aussi de révéler dès le lendemain aux autorités que l’unique cause du décès de Marie-France a été le pavé glissant.

Les tournées s’enchaînent jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur un Klei Peter surexcité qui, à ...

... contretemps de l’ambiance dont il ne prend pas la mesure, rugit :

— Il paraît qu’on a découvert le Mayer pendu dans sa cellule !

Il fallait bien qu’une note amère ternisse autant de félicité.

Une femme entre deux âges, très élégante, pénètre dans la boutique. Sur le comptoir et les rayonnages s’empilent cahiers, blocs de papier à lettre, carnets à souches, registres de tout ordre dans un parfait désordre. Des livres tout neufs, fleurant l’encre fraîche, tapissent les étagères. Elle se dirige droit vers la resserre quand le commerçant en surgit, un peu hirsute, assez dépenaillé et affublé d’un cache-œil. Il la reçoit cérémonieusement et l’embrasse sur les deux joues. La dame en rougit d’agrément.

— Je suis venue chercher substitut au stylo-plume de mon époux désespérément tari ces derniers temps, ce dont me voici toute marrie. Depuis qu’il a été promu secrétaire général de la préfecture, il n’a plus, lui, le loisir de vaquer à ces devoirs. Auriez-vous quelque ersatz, comme on dit en ce pays, à me conseiller ? Je suis convaincue que nous en userons mieux que du modèle de base.
— Je pense, Madame et très chère amie, être en mesure de remédier à cette panne et vous propose le spécimen que vous avez déjà plusieurs fois essayé non sans satisfaction.

Une splendide jeune femme, un rien pulpeuse, fringante et joviale, affichant avec une pointe d’insolence une sereine assurance émerge à son tour de la réserve et vient saluer la cliente.

— Décidément, les magnifiques yeux ...