1. Belladone, aux vénéneuses séductions !


    Datte: 21/07/2020, Catégories: fh, ff, prost, caférestau, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, Oral 69, mélo, portrait, policier, bourge, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... fait Sapho ; ça te la coupe non ! Souhaites-tu entendre l’un de mes sonnets ?
    
    Lescroq voudrait bien ne pas s’égarer, et si Géraldine parle plaisamment, il doute néanmoins de sa verve poétique. Sans lui laisser le temps d’une réponse, elle poursuit :
    
    — Dans mes veilles moroses, je compose en ma tête bien des choses qui peignent l’avenir en rose, et cette hypnose qui juxtapose des maux me repose de la sinistrose propre à ma vie en prose.
    
    La phrase l’amuse et la garce suscite là brusquement un regain d’intérêt pour ses libelles auxquels, finalement, il se décide à goûter.
    
    — Allons-y, à condition que tu sois brève.
    — Je t’ai annoncé un sonnet ; tu sais de quoi il s’agit : quatorze petits vers qui se logent en coin dans ta cervelle. Celui-ci s’intituleSplendide courtisane :
    — Et j’en ai l’auteur devant moi ?
    — Non… c’est de l’eau de Rose. Moi, je l’ai traduit de l’alsacien, lui répond-elle avec un sourire las et désabusé.
    
    Lescroq la regarde, ébahi. Depuis le début, la jeune fille l’intrigue et le bouleverse. Tant pis si cela n’a rien à voir avec son enquête et s’il s’égare quelque peu ; il souhaite à présent en découvrir davantage.
    
    — Où et quand as-tu donc appris tout cela ?
    — Mes grands-parents ont fui l’Alsace allemande dès 1870 pour s’établir dans le territoire de Belfort où ma mère naquit puis décéda en couches vingt ans plus tard alors que je naissais de père inconnu. Mon grand-père mourut peu après, et j’ai donc été élevée par ma grand-mère, servante ...
    ... dans une vaste propriété bourgeoise où nous étions logées. J’ai achevé ma scolarité à treize ans, juste avant le décès de celle-ci. Bien que je fusse très jeune, mes patrons décidèrent de me garder à leur service. S’ouvrit une période bénie où l’on me considéra presque comme la fille de la famille. J’avais libre accès à la bibliothèque dont je dévorais le contenu en portant déjà un intérêt tout particulier à la poésie. Hélas, leur fils qui n’avait pas la même estime pour moi s’essaya aux amours ancillaires. Il me viola, et dès lors sur mes gardes, je lui résistai et menaçai de le dénoncer à ses parents. Prenant les devants, il cacha l’un des plus précieux bijoux de sa mère dans ma chambre. Confondue, je fus forcée de m’enfuir et vins me réfugier chez une tante qui habitait Colmar, l’Allemagne donc. Elle avait épousé un ivrogne de la pire espèce qui abusa de moi et me mit sur le trottoir pour subvenir aux frais de ma pension. Tant qu’à me prostituer, j’aimais autant profiter des ressources qu’octroyait cet emploi. Une nouvelle fuite me conduisit il y deux ans sous le réverbère où vous m’avez repérée hier.
    — Et ton père, tu n’as aucune idée de son identité ? Tu n’as jamais essayé de le contacter et de solliciter son aide ?
    — Mon père, il a abandonné ma mère sans aucune explication au moment le plus critique. Ma grand-mère a écrit plusieurs fois à ce salop après ma naissance ; il n’a pas daigné répondre. Plutôt crever que de lui demander assistance.
    — J’ai souvent constaté que ...
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