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Léo ou la Découverte (6)
Datte: 13/04/2018, Catégories: Divers, Auteur: D3lta, Source: Xstory
... T’aurais trois secondes à m’accorder, s’te plait ? — Qu’est-ce qui t’arrive, j’ai un truc entre les dents ? — Non, je crois qu’il faut qu’on parle... de samedi soir. Il lève enfin les yeux de son téléphone. Il ne s’y attendait apparemment pas et a l’air plutôt gêné. — Euh... ouai. C’est pas vraiment le moment au fait. Il se retourne vers une table au fond de la salle. J’ai franchement l’impression que je suis en train de le déranger. — Ce sera quand le moment ? — Euh, bientôt. T’inquiètes y’a pas de galère, si tu veux en parler on en parlera. Mais pour l’instant tu vas avoir mieux à faire. — Pardon ? Il me tape sur l’épaule et se lève pour changer de place. En le suivant du regard, je le vois s’asseoir à côté de la gothique qu’il embrassait fougueusement pendant la fête. Mon estomac ne fait qu’un tour et mon cerveau s’embrouille. Je suis gagné d’une émotion que je n’avais encore jamais ressentie, et que je n’arrive pas à nommer. De la déception ? De la colère ? De la jalousie ? — Salut ! Je tourne la tête tellement vite que j’entends mon cou craquer. Une fille est assise là où Mak était il y a trente secondes. Elle me dit quelque chose. — Tu te souviens de moi ? Ses cheveux lisses noir corbeau lui tombant très bas dans le dos. Ses yeux en amande, d’un vert transparent. Cette façon de sourire sans le faire... — La fille à qui j’ai donné le numéro de Mak ! Devant le lycée le mois dernier, tu étais avec une pote à toi. — Hé ...
... bah ! Tu parles, en fait ! J’étais même pas sûr que tu parlais bien le français, quand t’es venu nous aborder cette fois-là. C’était il y a un mois mais j’ai l’impression qu’il s’est écoulé des siècles depuis ce défi que m’avait lancé Mak d’aller donner son numéro à une des élèves. Je me souviens de la gêne incroyable qui me paralysait, de mes bredouillements timides pour tenter de me faire comprendre sans me faire envoyer balader. Me confronter à cette épreuve passée me fait prendre conscience du progrès accompli depuis. — J’suis timide mais j’me soigne. — Qui t’a dit que c’était une maladie ? — A mon niveau crois-moi, c’est une vraie bonne grosse maladie. — Hum. Elle hausse les sourcils et sort un calepin couvert de petits croquis. — Tu dessines ? — J’sais pas si on peut appeler ça dessiner. Je gribouille ce qui me passe par la tête, ça m’aide à passer le temps. Je regarde de plus près la page qu’elle vient d’ouvrir. Le dessin représente avec un réalisme saisissant un attrape rêve indien orné de perles et de plumes. — Waouh. C’est super joli, j’adore ! Nouveau haussement de sourcils. — Et toi alors, à quoi tu passes ton temps ? — Je fais de la muscu... Enfin, c’est tout nouveau. Ça me fait tout drôle d’entendre ces mots sortir de ma bouche. J’ai l’impression d’être dans la peau de l’un de ces beaux gosses à la tête creuse qui saisissent la première occasion de faire savoir qu’ils prennent soin de leur corps. — Hum... ça se voit que ...