Histoire des libertines (15) : Lucrèce Borgia l'amorale
Datte: 12/07/2020,
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Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... illégitime de César. Dans la seconde, l'enfant n'est plus de César, mais de Lucrèce. Alexandre VI le considère comme le sien.
Qu'en est-il en réalité ? Il est admis que la mère est bien Lucrèce, mais qui est le père ?
Revenons trois ans en arrière, Lucrèce est au couvent, séparée de son premier mari, et les seuls hommes qu'elle ait vus, ce sont Perotto, César ou son père Alexandre VI. Perotto étant mort, le père serait donc, soit César, soit Alexandre VI. Choquant certes, mais sans doute vrai, tant les soupçons d'inceste avec le frère et le père sont apparents pour tout Rome.
LUCRECE CALOMNIEE ?
Lucrèce est aujourd'hui encore un mythe. Symbole de la féminité, mais aussi de perversité, célèbre pour sa beauté autant que pour ses mœurs dissolues. Empoisonneuse, incestueuse, lubrique et satanique, que n’a-t-on pas écrit sur la fille du pape Alexandre VI et de sa maîtresse Vanozza de Cattanei !
Lucrèce Borgia fut-elle la première victime de sa famille plutôt que l’entremetteuse avide et sanglante que l’on imagine. Sa famille va la marier trois fois, sans lui demander évidemment son avis, au gré des alliances et d’une politique territoriale complexe. Elle servit d'instrument pour les ...
... projets ambitieux de son frère. Ses mariages successifs étaient destinés à bâter la fortune de César. Sa remarquable beauté, son esprit cultivé, sa nonchalance naturelle la disposaient à ce rôle, qui lui fut imposé sans qu'elle en eût presque conscience.
De Lucrèce Borgia, on n’a retenu que cette image dévalorisante d’une diablesse vouée aux plaisirs orgiaques ou à celle d’une empoisonneuse éliminant tous ses ennemis sur son passage.
Elle a, bien au contraire, laissé la trace, chez ses contemporains, qu’ils soient poètes, militaires ou ambassadeurs, d’une femme qui a aimé les siens alors qu’eux ne l’ont jamais ménagée. Elle a aussi été la garante, en tant que duchesse de Ferrare, de la présence de tout ce que l’art et la culture pouvaient apporter de finesse et d’esthétisme, faisant de sa Cour l’une des plus enviées et des plus importantes de son temps.
En réalité Lucrèce Borgia a été beaucoup plus indifférente au mal que réellement criminelle, et plutôt dénuée de sens moral que vraiment, immorale. Le mot d'amorale convient très bien pour la qualifier. Corrompue et licencieuse, Lucrèce l’était sans conteste. Mais elle apparaît moins comme une coupable que comme la victime d’un siècle implacable.