Rêves et Bifurcations
Datte: 11/07/2020,
Catégories:
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... général. Allongée durant des heures sur le côté gauche, elle reposait dans un demi-sommeil comateux sous mon regard vigilant. Lors de ses phases d’éveil, je lui apportais à manger, lui faisant la conversation ou la lecture. Le plus souvent, nous nous tenions simplement par la main sans rien dire, moi sur ma vieille chaise en paille, elle échouée sur le vieux matelas fatigué.
Chaque minute de répit était une nouvelle victoire. Contre le temps, contre la mort elle-même… Et pour le moment, cela suffisait à notre bonheur.
ooOOoo
L’urgence, absolue, imprévisible… et moi, qui était si lent ! J’enrageais ; au moment où chaque seconde comptait, j’étais là, à perdre un temps précieux ! Malgré le volume de son abdomen, la chair laiteuse de ses hanches bien campées, Eva me paraissait tout à coup trop légère, comme si une partie d’elle-même n’était plus là.
Quelques minutes auparavant, lorsque je l’avais laissée pour monter à la cuisine, elle dormait nue sous les draps. Je la voyais encore, recroquevillée en chien de fusil, les genoux groupés sous la masse imposante de son ventre, les bras fléchis encadrant des seins qui se soulevaient au rythme lent de sa respiration. J’avais été absent… quoi ? Une grosse demi-heure peut-être ? Mais une demi-heure avait suffi.
En redescendant, je l’avais trouvée au pied du lit sans connaissance, une main crispée sur son ventre, l’autre enserrant son cou griffé jusqu’au sang. Son visage était écarlate, bouffi. Ses mollets, ses pieds, ...
... ses doigts ressemblaient à ceux d’une baudruche.
L’angoisse, énorme, avait tout balayé. Je m’étais agenouillé près d’elle, avec au fond du cœur la certitude fracassante qu’il était déjà trop tard. Mes gestes s’étaient enchaînés de façon quasi instinctive. Libérer la gorge, déceler un souffle. Est-ce que… Oui ! Elle respirait ! Faiblement, mais elle respirait !
Je l’avais placée dans une position libérant la trachée, comme elle me l’avait appris. Un léger mieux… Avec le retour d’une ventilation plus aisée, son visage avait repris une teinte normale. Pour autant, je n’arrivais pas à la réveiller. Une oreille sur sa poitrine, j’écoutais attentivement les battements de son cœur. Cognements rapides et irréguliers. À la palpation son ventre était dur comme la pierre, anormalement froid. Aucun mouvement perceptible du fœtus ! C’était bien trop tôt, mais avais-je le choix ? J’allais devoir la pratiquer maintenant, cette putain de césarienne ! Si possible avant la crise d’épilepsie fatale !
Une main sous les genoux, l’autre sous les aisselles, je l’avais transportée jusqu’au salon, soufflant comme un bœuf dans les escaliers, essayant tant bien que mal de ne pas cogner partout ce corps brinqueballant. Nous n’avions pas prévu que j’aurai à la charrier à bout de bras au moment de l’intervention !
Après l’avoir allongée sur la table, j’avais glissé des coussins sous sa nuque et ses omoplates, puis j’avais calé ses pieds dans des étriers de fortune. La posture d’Eva exhibait la ...