1. Festival lesbien (1)


    Datte: 03/07/2020, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... étirée sur un remerciement silencieux. J’enfilai mon tee-shirt avant de filer. On n’avait même pas pris la peine de s’embrasser, c’était très bien comme ça.
    
    Le bureau de la réception, 00 h 40, je demandai un papier et un stylo afin de noter le numéro de Valérie inscrit sur mon avant-bras. Le besoin de sommeil ne se faisait pas encore sentir, le sourire d’Aurélie au bar, moins occupée que les serveuses à l’extérieur près du dancefloor, m’interpella. Elle se détourna du bac de vaisselle.
    
    – Un cocktail ? proposa une voix presque grave pour une fille d’apparence fragile.
    
    Boire davantage ne m’aurait rien apporté, la sensation d’ivresse était retombée avec le plaisir des sens dans la chambre de Françoise.
    
    – Un jus d’abricot plutôt, merci.
    
    – Pas envie d’abuser le premier soir ? plaisanta-t-elle. Normal, il en reste quatre.
    
    La main de Karen sur mon épaule me fit sursauter, je n’avais pas senti sa présence. Collée à mon dos, elle trempa les lèvres dans mon gobelet de jus de fruit.
    
    – La même chose s’il te plait, commanda-t-elle certainement rassurée par l’absence d’alcool. Tu as été parfaite, Aurélie, je te fais remplacer dans une demi-heure. Essaie de te reposer pour être en forme demain.
    
    Le compliment colora ses joues de rose, ...
    ... relevant la brillance des grands yeux bleus. Je décidai à contrecœur d’arrêter là l’observation. Fatiguée, il n’était bien sûr pas dans mon intention de finir la nuit avec la serveuse, du moins pour l’instant, seulement de lui témoigner un intérêt amical. Le problème était que rien du maladroit jeu de séduction n’échappait à Karen.
    
    – Et toi, belle Carla, comment vas-tu ? s’intéressa-t-elle enfin à moi en s’accoudant au comptoir, son bras contre le mien.
    
    À la terrasse d’un bistrot parisien ou au centre d’une réunion de sept cents personnes, mon amie conservait la complète maîtrise de son univers comme bien peu en étaient capables. Comment faisait-elle pour montrer autant d’aisance.
    
    – Très bien, on le serait à moins.
    
    – Tu ne t’attendais pas à ça, hein, gloussa-t-elle à mi-voix, comme si se laisser aller à un rire franc pouvait remettre en cause un équilibre naturel.
    
    – Non, c’est une idée géniale.
    
    – Merci, explosa enfin Karen avant de finir son jus de fruit d’une traite, ce n’est pas la mienne mais celle du groupe de féministes dont je t’ai parlé. J’avais le lieu idéal, c’est tout.
    
    La fatigue se fit soudain sentir.
    
    – Je vais me coucher pour être aussi en forme demain, bafouillai-je en posant une bise sur la joue de mon amie. 
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