1. Lendemains de fêtes


    Datte: 14/06/2020, Catégories: fête, amour, chantage, dispute, théatre, Humour policier, amourcach, regrets, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    Acte I, scène 1
    
    Années 80. Une chambre en cité universitaire, dans un campus de Bourgogne.(Assis à son bureau, un jeune étudiant écrit.)
    
    Nicolas : Merde, merde et remerde ! C’est n’importe quoi ! Lui parler d’épines qui font saigner mon cœur, alors que j’ai dû lui adresser, quoi… trois fois la parole ?
    
    (Il barre le dernier paragraphe et se remet à noircir du papier. On n’entend plus que la pointe du bic crisser sur la feuille. Un moment plus tard, Nicolas se lève et se met à déclamer face au miroir.)
    
    (Regard de braise) : Que vois-je ? Une déesse s’avance. Merveille des merveilles, Marianne, tu es trop belle… Et toi, crétin, t’es trop nul ! Soit plus direct, moins cucul… sinon c’est le râteau d’entrée de jeu !
    
    (Poings sur les hanches, buste en avant) Dès que je t’ai vue, bébé, j’ai su que je te faisais de l’effet. Inutile de nier ! Alors, allons le boire, ce café, et faisons connaissance… Non, ça va pas ! Plus macho que ça, tu meurs !
    
    (L’air désabusé) Marianne, je ne sais pas parler aux filles. D’habitude c’est pas bien grave, je passe mon chemin sans rien dire, voilà tout. Mais là, je ne peux pas. Nous deux, c’est une évidence. Ne pas t’aborder serait un crime, un crime contre l’amour… Mouarf, débile !
    
    (Les épaules tombantes) Marianne, je… Et merde, j’oserai jamais !
    
    (Un étudiant ouvre soudain la porte. Il entre dans la chambre sans y être invité, un sourire jusqu’aux oreilles.)
    
    Fabrice : Mais qu’est-ce tu fous ? Tu répètes pour une pièce de ...
    ... théâtre ou quoi ?
    
    Nicolas : Beuh… c’est à dire, je…
    
    Fabrice : On t’entend à trois chambre d’ici, je te signale !
    
    Nicolas : Ah ? Je ne pensais pas parler si fort. En fait, je…
    
    Fabrice (remarquant la lettre raturée et s’en emparant) : Tiens ! Mais qu’est-ce qu’on a là ?
    
    Nicolas : Attend ! C’est perso !
    
    Fabrice (à haute voix) : Marianne, tu ne sais pas qui je suis. Pas encore, devrais-je dire. Mais moi je sais qui tu es ; une fille sublime et inaccessible, auprès de qui je n’ose pas me déclarer…(Nicolas essaie de lui prendre la feuille, Fabrice le repousse.)… Le coup de la drague à la sortie des cours, on doit te le faire si souvent que je me refuse à me présenter à toi ainsi, en quémandeur de tes faveurs, en bonimenteur de tes charmes. Un de plus, te diras-tu, avant de m’écarter d’un éclair de tes yeux verts… blablabla, blablabla.
    
    Nicolas : Ok, c’est bon ! Rends-moi ça maintenant…
    
    Fabrice : Tiens, la voilà, ta lettre pourrie !(Il la lui jette à la figure.) T’es vraiment qu’un gros naze !
    
    Nicolas : Merci du compliment…
    
    Fabrice : Attends, mais tu crois quoi ? Qu’en lisant ta prose, cette nana va écarter les cuisses et t’ouvrir directement le chemin du bonheur ?
    
    Nicolas : T’es con, toi ! Je serais déjà heureux qu’elle accepte un rendez-vous…
    
    Fabrice : Eh, vieux ! On est plus au XVe siècle, là ! Range ta mandoline ! Ta pouffiasse, si tu veux la niquer autrement qu’en rêve, faut que tu partes à l’assaut la trique à la main !
    
    Nicolas : Belle image… ...
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