Tranche de vie
Datte: 29/05/2020,
Catégories:
romance,
fh,
couple,
voisins,
amour,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Auteur: Nicolas-photographe2, Source: Revebebe
... juste derrière.
Je vois la scène comme au ralenti : le presque plongeon de ma compagne, le bus qui freine, l’invitée qui tombe sur le trottoir, mais aussi la perte d’équilibre de Margaux, sa chute lourde devant le bus. J’ai encore en tête le bruit de son corps frappé par l’engin, puis celui du choc de sa tête. Sur le trottoir, les cris des passants, les coups de freins des voitures, puis après le silence.
Je ne capte plus rien de l’extérieur. Je suis à genoux à côté de mon amour brisé, désarticulé. Elle respire encore ; un peu de sang coule de sa bouche. Elle est livide. Elle ne bouge plus. Madame Wang, qui se relève, à part les genoux écorchés n’a rien. Les femmes de mes invités en pleurs, eux-mêmes très ennuyés mais, comme moi, incapables de réaction. Les gens qui s’approchent, le jeune qui, sur son portable, appelle les pompiers, ce médecin que je n’ai jamais revu, qui s’agenouille à mes côtés après avoir confié l’enfant qu’il tenait à la main à la femme qui l’accompagne.
— C’est grave me dit-il. Elle a perdu connaissance ; je ne peux rien faire. Surtout ne la touchez pas : elle a plusieurs fractures.
Je vois encore ce monsieur – il aurait pu être son grand-père – qui sort un plaid de sa voiture pour la couvrir, les pompiers qui arrivent, les premiers soins sur le bitume, les flics qui arrivent bien après. Je téléphone à Christian, lui explique la situation en deux mots et mets mes Chinois dans un taxi ; il les récupérera à leur hôtel. Le brigadier a voulu ...
... prendre leurs identités mais a renoncé, se contentant de mon nom et de mon adresse.
— On verra ça plus tard, me dit-il.
Je suis à côté d’elle quand ils l’emmènent à l’Hôtel-Dieu à quelques centaines de mètres de là, enserrée dans une coquille qui la maintenait dans une position « acceptable » pour qu’elle ne souffre pas trop. Les urgences, l’accueil des médecins, leur dialogue avec les pompiers ; l’un d’eux – je devrais dire « l’une d’eux » – qui vient vers moi, s’assied à côté de moi, me parle doucement, comme à un enfant. Je ne l’entends pas, mais elle est là.
Les premiers résultats qui arrivent : fractures du bassin, quelques côtes aussi, l’avant-bras gauche. Traumatisme crânien. Un énorme hématome au temporal gauche. Coma profond. Observation.
Le coup de fil de Christian, qui vient aux nouvelles. Que lui dire ? Il prend la relève et va se débrouiller avec les frères Wang, je ne sais pas comment et ne veux pas le savoir. L’immense gerbe de roses rouges qu’ils envoient et que me donne l’infirmière.
— On ne peut pas faire entrer de fleurs en soins intensifs. Vous les emporterez chez vous.
Le médecin-chef qui arrive, qui commente le premier bilan :
— Les fractures ne sont pas graves. Elle est jeune et ça se réparera très vite et bien. Pour le coma, on ne peut rien dire. C’est trop tôt. L’épanchement sanguin est stoppé. On travaille à réduire la pression de l’hématome ; cela peut prendre du temps. Tous les paramètres sont aussi normaux que possible.
— Je peux ...