La Grotte aux Fées - Histoires de Sexe

La Grotte aux Fées

... vivent heureux jusqu’à ce qu’une pneumonie contractée lors d’un voyage en montagne terrasse la mère des deux enfants.

Inconsolable, monsieur de Mansy père restera veuf pendant plus de vingt ans, jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’une jeune femme rencontrée lors d’un séjour au ski, qu’il épousera dans la foulée. C’est elle qui deviendra la mère d’Anastasia.

Seulement, la première épouse de monsieur de Mansy était de la vieille école et voulait absolument que les coutumes ancestrales chères à la noblesse de l’Ancien Régime soient respectées, à savoir que le premier garçon, Charles-Hubert, aurait le domaine, le second, Louis, entrerait dans l’armée…

— Et le troisième entrerait dans les ordres ? Vous n’allez pas me dire que…
— Pas exactement. Attendez, j’y viens.

Par bonheur, entre la naissance de Louis et celle d’Anastasia, vingt-cinq ans s’étaient écoulés et de l’eau avait coulé sous les ponts… Et, de toute façon, le père de Mansy n’avait jamais vraiment apprécié cette fameuse coutume héritée du Moyen-Âge.

Anastasia aurait donc dû choisir son destin comme n’importe quelle jeune fille ordinaire, point.

— C’est là qu’un os, ou plutôt deux d’ailleurs, se sont glissés dans la moulinette. D’abord, mon père ainsi que la mère d’Anastasia se sont tués dans un accident d’avion…

Dont les circonstances restent à tout jamais sujettes à caution : jamais de Mansy senior, vieux briscard de l’aviation, pilote émérite aux milliers d’heures de vol et ancien membre de ...

... l’Escadrille des Cigognes n’aurait commis l’erreur de s’envoler avec un zinc dont le réservoir n’était pas plein.

— …mais, plus grave, Charles-Hubert a épousé Laure-Adélaïde. C’est elle qui lui a mis dans la tête d’embrasser une carrière politique. Avec, naturellement, un programme ultra-rigoriste prévoyant, entre autres et en toute simplicité, le retour d’une monarchie.
— Et comment se fait-il qu’il compte autant d’appuis en haut lieu ?
— À cause de son fric, bien sûr ; il arrose tous les partis politiques, de droite comme de gauche.
— Et personne ne moufte ? Il représente pourtant un adversaire : adversaire de la République, qui plus est…
— Sauf qu’il est strictement le seul à s’imaginer qu’il a une chance d’arriver au pouvoir un jour ! Alors, ils acceptent son fric, lui font des ronds de jambe, pratiquent à l’occasion le renvoi d’ascenseur… Et vogue la galère. Par contre, les deux époux, eux, prennent dès le départ les choses très au sérieux : création d’un parti royaliste, présence à toutes les manifestations religieuses, financement plus ou moins occulte de toutes les associations catholiques… Bref, tout le toutim d’un politicard voulant se créer un électorat. Seulement, quand on veut être le représentant d’une certaine France, il faut en assumer toutes les facettes… Être contre l’avortement ou le divorce, c’est facile ; promettre de baisser les impôts des plus aisés, ça ne mange pas de pain ; vouloir restreindre l’accès aux études supérieures à certaines classes ...