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La mère de Jean (14)
Datte: 11/05/2020, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... parties fines, plus de ces beaux messieurs ou de ces belles dames qui ne sont là que pour se rouler dans la fange et aspirer quelques billets au passage. — Bon et bien tant pis. Dans l’atelier les trois ou quatre couples qui comme d’habitude attendaient le déclenchement des hostilités virent la rousse reprendre son sac à main, sans jamais avoir seulement quitté son manteau. Adèle en avait fini et abandonnait ce lupanar d’un nouveau genre, bien qu’en toute honnêteté, elle ait parfois aimé cette bohème proposée par l’artiste. Mais la lassitude aussi guettait et la routine écartait définitivement la rousse de l’atelier. Sans un regret, elle était repartie vers le centre-ville et sa demeure. L’atelier ne lui manquerait jamais ! Mais la complicité avec Samantha, cette sorcière, elle, lui ferait sans doute défaut. — oooOOooo — Elle marchait depuis un moment et les rues étaient remplies de gens qui avaient tous à faire. Promeneurs, touristes, personne ne prêtait attention à cette femme qui déambulait d’un pas alerte. Adèle avisa un bar et une idée lui vint. Boire une bière pression. Depuis quand n’avait-elle pas eu une soudaine envie d’un demi sans faux col ? Ça remontait à si loin que l’image même s’en trouvait perdue dans les méandres de son cerveau. Elle poussa la porte du troquet. Elle ne regarda pas les quelques habitués qui sirotaient dans leur coin et les piliers de bar qui, comme partout, squattaient le comptoir. Elle prit place sur un tabouret haut, dans un ...
... coin du zinc et le serveur, un petit bonhomme chauve avec un ventre assez proéminent, un torchon de vaisselle sur l’épaule vint vers elle. — Bonjour. Ce sera quoi pour la petite dame ? — Une bière pression s’il vous plait. — Un demi ? — Oui, un demi, merci. Il était reparti en se dandinant et Adèle soudain se rendit compte que les mecs qui occupaient l’espace proche d’elle ne parlaient plus. Le garçon ou le patron, ce n’était pas bien déterminé, posa devant elle le verre contenant un liquide doré, avec sur le dessus trois bons centimètres de mousse. Elle but en savourant avec plaisir la boisson légèrement amère qui lui coulait dans la gorge. Le bonheur avait un nom en cette fin d’après-midi. La porte venait de s’ouvrir derrière elle et les autres clients. Le type qui venait d’entrer arrivait pour prendre place aussi au comptoir. Il commanda également une bibine et tranquillement, il fit le tour de la salle du regard. Mais ses quinquets s’arrêtèrent sur la femme à moins d’un mètre de lui. — Ça fait du bien n’est-ce pas ? — Vous parlez de la bière, je suppose ? — Oui ! Et puis cette ville, ces gens, c’est bon. — Vous donnez l’impression de revenir de quelque part… Le type avait des yeux clairs. Il ne souriait pas, se contentant de soutenir le regard de cette belle plante qui se trouvait là. — Vous venez souvent ici ? Dans ce bistrot je veux dire ! — Non ; c’est la première fois. — Eh bien moi, oui, je reviens de très loin, de l’enfer ...