Se convertir à elle - Histoires de Sexe

Se convertir à elle

... incrustaient ses dents et peinait à garder une contenance.

— Alors, monsieur l’audacieux, c’est quoi ton nom ?
— Raphaël.
— Enchantée, Charlotte, profiteuse assumée.

Effrayante affirmation, se dit Raphaël. Mais il sentait que sa présence était loin de déranger Charlotte. Il la détailla un peu plus. Elle avait presque la peau sur les os, les tendons ressortaient sur le dos de ses mains, mais il se dit qu’elle était très bien comme ça, elle semblait épanouie et non fragile ou déprimée. Charlotte portait des escarpins noirs, une jupe étroite, un chemisier simple et un maquillage discret.

— Tu aimes ce que tu regardes ?
— Eh bien…
— Idiot, lui lança-t-elle, sans brutalité.

Elle lui proposa une cigarette qu’il accepta, lui alluma, puis se servit elle aussi.

— Idiot, beau petit garçon idiot.
— Et toi, espèce de libre-penseuse ! rétorqua Raphaël, se prenant au jeu.
— Ce n’est pas moi qui viens draguer les filles, avec des répliques si pauvres en plus.
— Je ne drague pas et ce n’est pas moi qui fusille les hommes du regard pour les déstabiliser.

Charlotte apprécia que Raphaël lui oppose enfin un peu de répartie.

— Celle qui était vautrée sur toi tout à l’heure et qui t’a dégagé comme un malpropre, c’est ta copine ? Ta copine de baise peut-être ? En tout cas, on dirait qu’elle va aller voir ailleurs ce soir.
— Non, rien de tout ça, on est juste amis.
— Ouais d’accord, poursuivit Charlotte, peu convaincue, mais toi t’aimerais bien un peu plus, non ? ...

... Si tu veux un conseil, tu devrais laisser tomber avec elle.
— Et toi, tu as quelqu’un en vue ?
— Peut-être, je ne sais pas encore.

Elle recommença à fixer Raphaël, puis commença à froncer les sourcils.

— Bon, l’empoté, tu te décides à m’embrasser ou tu attends de recevoir une autorisation administrative ?
— Quoi, comme ça ? Là ? Déjà ?
— Pourquoi pas, tu n’en as pas envie ? Tu pourrais montrer à ta petite coincée que tu n’as pas besoin d’elle.

Raphaël sentit qu’il perdait à nouveau confiance en lui-même.

— C’est agréable de se tourner autour, je ne vais pas dire le contraire. Et tu es loin d’être repoussant. Mais me jeter sur toi, sans préambule ?
— Tu vois, Raphaël, on dirait que plus personne n’a de spontanéité. Les hommes se sont tellement entendus dire qu’ils devaient être doux et sensibles qu’ils en deviennent parfois pénibles. Est-ce que tu réfléchis systématiquement avant d’agir ?
— J’ai bien peur que oui. On ne sait plus s’il faut être tendre ou exhiber sa virilité. On nous demande d’être des modèles de réussite sociale mais le plus souvent, c’est le chômage ou la mise en rayon chez Franprix. On a un peu de mal à jouer le rôle du type très à l’aise qui sait gérer sa vie professionnelle comme ses conquêtes féminines.
— Mon cher, détendez-vous donc un peu, le coupa Charlotte en posant la main sur l’entrejambe du jeune homme. Et estimant qu’ils avaient assez tergiversé, elle entreprit de poser ses lèvres sur les siennes et de faire connaissance avec ...