1. Les émois de Valériane - 1/3


    Datte: 19/04/2020, Catégories: hplusag, hotel, voiture, autostop, intermast, Oral init, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... achève-t-il avec un sourire qui me donne envie de lui crever les yeux.
    
    Ricaneur, il poursuit :
    
    — Vous préféreriez que je passe pour votre grand-père ? Eh bien soit, mais faut-il que je bafouille et bave dans mon assiette ?
    
    Il commande un double scotch et bien que peu accoutumée aux boissons fortes, je l’imite présumant qu’avant peu, j’aurais besoin de ce remontant.
    
    — Vous me faites penser à ce vieux monsieur, ajoute-t-il, qui déjeune avec une très, très jeune fille. Il lui reproche un accoutrement trop strict et ringard qui la vieillit. En guise de réponse, elle tombe veste, chemisier et soutien-gorge. Risquez cette tenue et reparlons de la décrépitude de notre mise !
    — On dirait que les histoires de femme qui se déshabillent au restaurant font partie de vos phantasmes favoris. Je vous préviens, ne comptez pas sur moi pour y satisfaire.
    
    Je ne suis pas très sûre de sa réponse qu’il bredouille, indistincte, mais où il me semble comprendre :
    
    — Qui sait !
    
    Puis sans me laisser le loisir de m’en offusquer, il reprend beaucoup plus distinctement :
    
    — Ma petite Valérie, vous n’êtes qu’une fieffée menteuse.
    
    Pour moi qui m’attendais à des compliments, à un éloge ou à un flagorneur encensement, bref à tout l’arsenal du bonimenteur, c’est la déconvenue.
    
    — J’ai mené ma petite enquête et vous n’êtes pas chef de rang, mais lycéenne, qui plus est dans mon établissement, ce qui m’a permis d’accéder à votre dossier qui doit contenir une erreur, car il vous ...
    ... attribue vingt ans à la place des vingt-deux que vous m’avez déclarés. Qu’est-ce qui a donc motivé cette inexactitude ?
    
    Que puis-je répondre ? Je ne vais tout de même pas avouer que c’est pour être plus à l’aise quand je drague ! Maintenant qu’il m’a mise en position fautive, il se penche sur moi, très près, trop près et je sens son haleine dans mon cou. Décidément, il ne perd pas de temps et j’affûte déjà la gifle que je lui destine s’il risque un baiser.
    
    — Rassurez-vous, vous ne paraissez pas être de l’âge des pucelles ! me souffle-t-il à l’oreille avant de très vite s’écarter.
    
    Je suis outrée par son indélicatesse. Que signifie cette phrase ambiguë et comment peut-il s’emparer d’une confidence intime qui m’a échappé dans un moment d’infortune pour se moquer de la sorte ? J’enrage et le rouge me monte au front.
    
    — Vous êtes flamboyante ainsi et portez l’indignation à ravir, il serait dommageable de dissimuler ce talent parmi de vieux grimoires, car vous souhaitez bien devenir archiviste-paléographe, n’est-ce pas ?
    
    On vient prendre nos commandes, ce qui l’interrompt momentanément puis il poursuit :
    
    — Archiviste-paléographe, a-t-on idée, ce seul titre me fait frémir tant il sent le renfermé et le moisi.
    
    Son genou maintenant rencontre le mien et, à nouveau, je me hérisse et me crispe, prête à l’alpaguer. Instantanément il s’écarte en s’excusant distraitement.
    
    — Ne prenez pas cet air courroucé, je plaisantais, car moi aussi j’ai tenté les Chartes et bien que ...
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